Histoire d’un voleur pénitent
(suite)
Plein
d’admiration pour la sagesse de ce
saint homme, j’osai lui demander en particulier quelles étaient les raisons
qui l’avaient engagé à donner à ses moines un spectacle si extraordinaire. Or
voici la réponse que me fit cet excellent médecin des âmes : «J’en ai agi de le
sorte, me dit-il, pour deux raisons principales. La première, afin que ce
pénitent, par la honte temporelle et passagère qu’il éprouverait en confessant
publiquement ses péchés, se préservât de la confusion future et éternelle; et
c’est ce qui lui est heureusement arrivé, car il n’était pas encore relevé de
terre, que déjà Dieu lui avait généreusement pardonné tous ses crimes; et vous
ne devez point en douter, mon cher abbé Jean, car un de nos moine qui était
présent et très attentif, m’a certifié qu’il avait vu un homme d’un aspect
terrible, lequel, d’une main, tenait un papier écrit, et de l’autre, une plume
avec laquelle il effaçait sur le papier chaque péché, à mesure que ce pénitent,
prosterné par terre, en faisait la confession. Eh certes ! Cela ne doit point
nous surprendre, car n’est-il pas écrit : «Aussitôt, ô mon Dieu, que j’ai pris
la résolution de confesser mes iniquités devant vous et contre moi-même, vous
m’avez pardonné la noirceur et l’impiété de mes péchés» (Ps 31,5). La seconde
raison que j’ai eue de me conduire de la sorte, c’est qu’ayant dans ma
communauté quelques moines qui n’ont point encore fait la confession de leurs
fautes, j’ai voulu profiter de cette circonstance pour les engager à la faire;
car, sans la confession, personne ne peut obtenir le pardon de ses
péchés.»
saint Jean
Climaque : L'Échelle sainte
«De la bienheureuse
et toujours louable obéissance»