Et j’ai pleuré…je me suis retenue pourtant, mais je ne peux encore définir la raison qui a fait exploser mes larmes, je ne peux définir cet émoi qui s’est emparé de moi, soudainement.
J’ai pleuré à chaudes larmes, plus que le jour ou j’ai perdu mon chat quand j’avais 8 ans,
le jour où j’ai dit au revoir à mon grand père pour la dernière fois quand j’avais 13 ans,
le jour ou j’ai obtenu mon bac après d’énormes efforts et des nuits blanches innombrables,
le jour ou mon homme est parti pour ne plus revenir,
plus que le jour ou mon chat m’est revenu après 2 mois de séparation, quand j’avais 8 ans.
Mes larmes ont rehaussé le rose de mes joues, effacé le maquillage que l’esthéticienne à mis tant de temps à poser, n’ont pas pu cacher le large sourire faisant apparaitre même la trace de mes dents disparus, coulaient au rythme des youyous que lançaient alternativement nos proches autour de toi pour te souhaite le bonheur, plein de bonheur, tout le bonheur du monde.
J’ai pleuré, et essuyer mes larmes était inutile.
Tu étais radieuse avec ta robe blanche, ton voile qu’on se pressait de soulever, ton bouquet de fleurs odorantes mais ton parfum était encore plus envahissant, ton diadème étincelant qui ornait ta tête, te donnait l’allure d’une princesse, mais tu étais encore plus belle qu’une simple princesse, tu étais ma princesse à moi.
Et j’ai pleuré en te voyant danser dans la piste,
en voyant briller tes yeux, ton sourire qui illuminait la pièce,
les regards amoureux qui se posaient sur toi,
j’espérais au fond de moi que cet amour te comble et envahit ta vie,
qu'il soit aussi fort que celui qui m’a envahit, le jour ou tu es venu combler ma vie.
Tu es venu essuyer mes larmes, me dire d’arrêter de pleurer, embrasser mes mains, ma tête, m’enlacer fortement exactement comme je le faisais quand tu étais petite pour abaisser tes maux, pour soulager tes souffrances, pour te rendre ta joie de vivre.
Tu es venu m’entrainer dans la piste de danse en m’embrassant, en me faisant rire, en me lançant des coups d’œil encourageants, comme ceux que tu me lançais dans le temps, quand tu lâchais subitement ma main pour aller rejoindre tes camarades dans la cours de l’école avant de fondre dans la foule de petites têtes qui couraient dans tous les sens.
Encore une fois,
tu fonds dans la foule des personnes qui voulaient partager ta joie, notre joie, danser avec toi, te faire leurs vœux, t’embrasser, te souhaiter le bonheur, plein de bonheur, tout le bonheur du monde.
Et j’ai pleuré encore de voir ma petite fille s’éloigner de moi,
de la voir faire son propre chemin,
j’ai pensé qui désormais je ne verrais plus son désordre qui m’énervait,
je ne crierais plus lève toi pour la réveiller,
je ne partagerais plus ses confidences et secrets avant de nous coucher.
La foule qui te poussait vers la sortie m’empêchait même de t’apercevoir, t’éloignait déjà de moi, se pressait de couper ce dernier lien qui nous unissait…
soudain, ta tête brune se discerne des autres têtes envahissantes,
j’ai essuyé hâtivement les halos qui se sont formés sous mes yeux,
ma princesse me sourit tendrement et me lança,
encore une fois,
exactement le même coup d’œil espiègle qu’elle me lançait avant de partir vers une nouvelle aventure écolière,
20 ans, auparavant…