Magazine Journal intime

Pire que la chimio : la Marthe de Fresnay

Publié le 15 juillet 2009 par Frédérique Paresseuse

Bref rappel pour ceux qui auraient sauté un épisode : il y a un peu plus d'un an, une cohorte de médecins, chirurgiens, oncologues, radiothérapeutes en tous genres se sont pris d'affection pour moi...

"Je craignais les effets secondaires de la chimio, mais ils ne sont rien comparés au violent mal de tête qui me vrillait le crâne à ma sortie de l'hôpital hier.

La responsable ? Ma voisine de chambre, une robuste Sarthoise élevée au grand air avec l'accent qui roule et une voix de stentor à en faire péter la protection du néon de la salle de bains (c'est vrai, je vous le jure, elle est tombé par terre). Sitôt arrivée, elle a passé une large chemise de nuit rose, s'est aspergée d'un parfum jaune pipi non identifié, a rajusté ses lunettes d'une main et pris la télécommande de l'autre.

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Moi, j'étais planquée derrière le rideau que j'avais eu la bonne idée de tirer avant son arrivée, le nez plongé dans mon bouquin, à redouter déjà la suite.

Ca a commencé par un concerto en la majeur de bruits divers mais parfaitement identifiables (intestinaux, buccaux et troudeballaux) dans la salle de bain qui se trouvait - forcément - juste à côté de mon lit.

S'en sont suivis des coups de fil interminables avec le Jean-Pierre, la Bernadette, la Coco et consorts où elle décrivait avec force détails ses symptômes et ses (gros) bobos, ponctués tous les vingt mots par des "heu là" (prononcer "heu-lau") pendant que moi, je me disais que je connaissais un excellent moyen de mettre un terme à ses souffrances. A noter quelques jolies expressions glanées au passage à votre attention : "chou bucolique" pour "brocoli" ou "batch" pour "patch".

Visite aussi de ses soeurs dont une qu'elle n'avait pas vu depuis six ans, d'où de grands cris de joie. HELP !!! Ca s'est terminé en chansons (!!!) quand elles se sont mises à évoquer les airs qu'elles voulaient avoir à leur enterrement.

Et dans l'intervalle (quand elle ne parlait pas toute seule), elle regardait la télé. Et là, j'ai eu droit à la totale : Jean-Luc Reichman, Jean-Pierre Pernaud, Questions pour un champion (elle répondait aux questions avec la même fougue que si elle était sur le plateau !!!) et Plus belle la vie. Forte de cette activité, elle s'est effondrée le soir vers 21h30 devant Maison d'accueil qu'elle avait pourtant attendu toute la journée et mis pas fort (tu parles, elle était sourde comme un pot) et moi, j'ai enfin pu avoir la paix !!!

Pour être tout à fait honnête, je dois quand même mettre à son crédit les gros fous rires piqués à distance avec mon chéri et mes copines que j'abreuvais en direct de SMS.

Et pour ce qui est des autres effets secondaires, pour le moment RAS hormis un très vague sentiment de nausée quand j'ai faim. Je croise les doigts pour que ça dure."

C'était la première chimio, la plus light en fait. Mais ça, je ne l'ai su qu'après.


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