Seulement voilà, ce soir c'est en direct, réalisé par mon confrère François Roussillon, et présenté par un autre passionné : Christophe Hondelatte qui dressait le portrait de cette "dévoyée" ("La traviata", en Français) à la façon de ses "Faites entrer l'accusé", avec un sens de la narration et du suspens tout à fait maîtrisé. Donc, je reste quelques minutes de plus, histoire de sentir le trac palpable des artistes en coulisse, et de retrouver la belle lumière des crépuscules de Provence derrière la scène doublement millénaire. Présentation des ténors, (Patrizia Ciofi dans le rôle de Violetta, et Vittorio Grigolo dans celui de son amant, Germont), ambiance des loges, très bien. Et puis on interviewe le chef d'orchestre, Myung-Whun Chung. Eblouie. J'en suis encore bouche bée. Il travaille sans partition, non par légèreté, mais parce qu'il la connaît par coeur. Devant l'étonnement de Christophe Hondelatte, il explique :
- "La technique, savoir quand arrive un instrument, les notes, tout ça c'est notre travail bien sûr. Mais en réalité ces heures de préparation doivent uniquement servir à pemettre aux artistes une fois sur scène de tenter de voler…"
Wouah!! "tenter de voler" en chantant un air de Verdi! En une phrase, ce type a défini ce qu'est la magie du spectacle vivant : un travail intense pendant des mois, des années, pour s'envoler, et embarquer avec soi des spectateurs éblouis.
Quelques minutes après, le silence tombait sur les gradins des 9 000 et quelques spectateurs. Le Chef entra, souriant, s'installa face à l'Orchestre Philarmonique de Radio France, puis leva les yeux vers les ciel. On entendit quelques secondes les oiseaux voler.