Une sainte
amitié les tenait étroitement unis, leur charité les uns pour les autres les
liait tous par des chaînes indissolubles; et ce qui me ravissait, c’est que
leur affection était exempte de toute familiarité et de toute légèreté, soit
dans leurs rapports les uns avec les autres, soit dans leurs conversations. Ils
avaient surtout le plus grand soin de ne blesser en rien la conscience de leurs
frères. Si quelquefois il arrivait qu’un frère laissât paraître quelque
aversion pour un autre frère, l’abbé en purgeait immédiatement le monastère, et
l’envoyait en exil dans une autre maison, comme un misérable. Or voici ce qui
arriva sous mes yeux : Un jour un moine dit quelques paroles injurieuses à un
autre; aussitôt que le saint abbé l’eut appris, il ordonna qu’on le chassât du
monastère, en disant qu’on ne pouvait pas souffrir deux démons dans la même
maison : un, qui était visible, et un autre, qui était invisible, c’est-à-dire
un démon réel, et un homme qui était semblable à un démon. saint Jean
Climaque : L'Échelle sainte
«De la bienheureuse
et toujours louable obéissance»