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Un homme affable VII.6

Publié le 17 juillet 2009 par Sophielucide

Réveillée à cinq heures du matin, je savais qu’il serait inutile de chercher à retrouver le sommeil, alors j’allumai mon ordinateur, une cigarette et entamai ainsi une longue journée d’écriture. La nuit s’achevait, je profitais encore du silence total qui régnait dans l’appartement, dans la rue aussi, que je regardais de la fenêtre de ma chambre en pensant à Clotilde-Emma.  Il doit être difficile de n’avoir nulle part où laisser courir son regard, aucune vue pour s’y perdre, pas de morceau de ciel  à observer, ni arbre ou portion de nature auquel s’accrocher. La mienne de vue n’était pas éblouissante mais je m’y étais attachée ; j’aimais cette longue rue qui n’en finit pas avec ses vieux  réverbères profilant leurs ombres délicates comme autant de squelettes sur l’asphalte brillant ; l’un d’eux continuait de clignoter, de jour comme de nuit et je ne pouvais m’empêcher de penser à un futur court circuit qui provoquerait un jour un formidable incendie. Ce serait alors la fin de ce quartier, qu’on reconstruirait selon les normes en vigueur en y effaçant le côté suranné.   J’allai me verser un bol de café, rejoignis mon lit pour entamer la lecture de mes mails.

Fabien avait écrit à 2 :22 :
«  Dis donc, t’es pas chiée comme nana ! Il va falloir qu’on parle de tout ça. Je passerai t’apporter des croissants tout à l’heure, alors ne me reçois pas en robe de chambre en pilou avec bigoudis sur la tête, please… C’est bien toi qui as parlé de nous comme deux adultes responsables ou ai-je rêvé ? Epargne-moi, dans ce cas, une scène de jalousie. Rien n’est simple en ce moment et je croyais qu’on avait tous les deux  la même ambition : chercher une vérité. A plus. Fabien. »
Louve Solitaire avait répondu également.
« Rrose,
Il est très étrange d’avoir à se confier à une inconnue ; on se rend très vite compte que mentir ne sert à rien puisque justement l’autre n’est personne.  Je suis prête à cela :  vous raconter mon histoire mais la question qui m’obsède à présent est la suivante : serez-vous, de votre côté, en capacité de la recevoir ? Voulez-vous remplir ce rôle de passeur ?  Réfléchissez-y, il n’est point question ici de curiosité malsaine ou déplacée. J’ai besoin de quelqu’un pour recevoir ma version d’une histoire que nous ne serons pas seules à partager ; inutile de vous faire croire alors que vous n’y serez pas impliquée. C’est pourquoi je vous le demande avec une solennité dont vous commencerez par vous moquer peut-être, et c’est bien compréhensible puisque moi-même je souris en écrivant ces lignes : acceptez-vous, chère Rrose, de devenir récipiendaire d’une confession qui dépassera le cadre intime d’une correspondance ?
Un refus de votre part ne me choquera pas plus qu’il ne me vexera ; je ne voudrais surtout pas endosser une nouvelle responsabilité alors même que je viens de décider de changer l’orientation de ce qu’il me reste à vivre ici.
Amitiés et reconnaissance
LS »


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