Quelques minutes de répit

Publié le 18 juillet 2009 par Csp
Bonjour, moi c'est Butch.
Je suis l'ami de Thierry Céhèspé.
Enfin, l'ami... Disons l'appendice temporaire de ses nuits humides. Je crois qu'il vous a déjà parlé de moi.
Je profite qu'il a le dos tourné pour écrire un petit billet rapide.
Soyons clair, son dos, je ne le vois pas très souvent. Il a de grosses frustrations, donc de gros besoins. Mais il se fatigue vite, et de toute façon, 3 minutes, c'est déjà long pour lui. Et puis, ces derniers temps, je le sens tendu. Plus tout à fait à l'aise... Comme étriqué.
Et ce n'est pas seulement à cause de son t-shirt Che beaucoup trop petit. Il le voulait moulant, mais là, ça lui fait à peine plus qu'un boléro.
Non. Ce n'est pas ça. Je le sens... comment dire... soupçonneux, nerveux. Il jette des regards furtifs derrière son épaule dès qu'il écrit un petit billet, par exemple. Ses nuits sont plus agitées. Certes, il s'écroule toujours d'épuisement après avoir passé ses habituelles 75 secondes avec moi, mais son sommeil est parcouru de spasmes violents, de tics nerveux et de mots confus prononcés les dents serrées.
J'entends parfois un petit "salodlibéros" dans un sanglot étouffé. Quelques fois, il se réveille en sursaut, en plein milieu de la nuit, au cri de "Olivier ! Aide-moi !".
Il devrait prendre du repos. Il se surmène. Il veut changer de métier. Ça le préoccupe beaucoup. Il m'en parle parfois quand il m'arrange les rustines, le dimanche, quand il pleut.
Il a pensé prendre un lapin en cage. Pour s'occuper.
Enfin, c'est ce qu'il dit.
Mais je le soupçonne de vouloir fréquenter plus assidûment le rayon Fruits & Légumes du Casino Bonnefoy. Il y a un jeune vendeur, celui qui s'occupe des pesées, et qui lui a tapé dans l'œil. C'est une figure de rhétorique, hein. Y'a pas mal de gens qui veulent lui taper dessus, mais là, c'est juste une métaphore... Et bref, je pense qu'il veut trouver une excuse pour aller acheter de la laitue.
Parce que bon, mis à part pour un lapin, la laitue, il n'en mange pas des masses.
A part le poulet-frites...
J'entends des bruits. Je crois qu'il arrive.
Je vous laisse.