Arrogance

Publié le 18 juillet 2009 par Poetedesenchante

Vingt Heures et quelques minutes. Ce poison jaune comme la pisse traîne dans mon sang depuis quelques heures déjà. Tout seul, rien à faire, si ce n’est remuer les démons déjà bien usités. Envie de violence ce soir. Laquelle, je n’en ai foutrement aucune idée. Envie de casser quelque chose, de jeter un truc, de me libérer de ces pulsions malsaines. J’arpente la rue comme un chien enragé, la langue pendue, sans but, les yeux hagards et le teint livide. Autour de moi, les lumières se mélangent, des ombres s’agitent, triste tableau d’une mauvaise nuit où j’aurais toujours à cœur de me demander si c’est moi ou la petite populace trop convenue qui déconne. Comme une envie de cracher sur deux ou trois connards, de pisser sur l’establishment de ma ville, de ma nation. Personne pour dénoncer ce qui paraît pourtant intolérable. Idée bien trop haute de ce que devrait être un endroit convivial, juste et sûrement pas surfait à ce point là. La nuit, comme la synthèse de tout ce que l’on a de moins avouable. Schizophrénie organisée et assumée. La ville déraille, s’électrise, vomit ses sales tripes ; dégorge le gras qu’elle a ingurgité en trop grande quantité. Tant d’âmes et si peu de rencontres honnêtes, l’alcool comme ciment éphémère d’individualistes en quête d’une reconnaissance de leurs petites personnes.

Je marche, toujours, le pas n’est plus assuré. Mon corps ne suit plus mes pensées, à moins que ce soit l’inverse. Je cours à ma perte, je me convaincs que c’est encore moi qui ai raison. Que les connards qui s’agitent à côté de moi n’ont pas compris l’essence de la vie ; être juste, ne jamais tricher. J’en ai mal à la tête, ce n’est pas moi, ce n’est pas l’alcool, c’est la ville. Trop facile de tout lui recracher en pleine face ; à celle a qui l’on a rêvée comme autrefois à la tour de Babel. Comme l’histoire nous l’a appris et se répète, il serait bien trop orgueilleux de croire qu’ici bas on parle tous la même langue.

Il est trop tard, ça ne sert à rien de s’en soucier toute la nuit. Nul n’est prophète en son pays. Je ne suis de toute façon pas assez humble pour être sage. Je rentre chez moi tant bien que mal, écorché une fois n’est pas coutume par le cynisme citadin. J’irais encore ce soir cracher mon sale alcool et mes idées d’un autre âge dans mon sommeil ; peut être mon inconscient me permettra t – il d’y croire, dans sa relative bonté, l’espace d’une nuit.

Gog'