Mont-Laurier, école d’été. Deux jours de cours pour l’artiste «de nos pinceaux». Des cours en été ce ne sont pas vraiment des cours. De toute façon, que de bons souvenirs dans les écoles: en tant qu'élèves et en tant qu'anciens profs. Je me dévoile là!!! Eugène Jankowski est un sculpteur exceptionnel, généreux, sympathique. Alors ce fut un plaisir, une découverte et, malgré la crainte que Louise avait étant donné son handicap d’arthrite, elle a réussi sa sculpture autant que les autres élèves.
Donc arrivée le vendredi après-midi à Mont-Laurier, on explore les lieux. Quelle n’est pas la surprise de l’auteure « de nos stylos » de s’apercevoir qu’elle est devant l’ancienne école normale tenue par les sœurs Sainte-Croix de 1927 jusque dans les années 60. Sa mère lui a déjà conté qu’elle s’y était rendue, elle avait 16 ans, sa tante religieuse l’y avait encouragée. Elle se souvient de la rivière, de la galerie sur le côté. Finalement elle ne s’est pas inscrite, mais me voilà quelque 70 ans plus tard en face de cette même école, le coeur battant de ses souvenirs.
Nous nous rendons au camping La Clairière à une bonne dizaine de kilomètres. Trop loin pour prendre nos vélos. Quatre emplacements seulement disponibles pour les voyageurs, les autres sont des saisonniers, grand amateurs de bateaux puisque le lac est très grand et très beau. Mais nous ne nous y attarderons pas. L’artiste prendra son cours et l’auteure n’a pas accès à Internet alors qu’à l’école elle pourra facilement se brancher. Yé.
Le samedi matin, sous une pluie diluvienne (ce qui ne surprend probablement personne), Louise se présente sous le chapiteau. Six élèves suivent le professeur et s’installent à l’extérieur, sous un petit abri du genre Tempo. Sculpter la pierre est trop salissant pour rester à l’intérieur.
En deux jours, les adultes apprennent à connaître le nom des pierres: stéatite, albâtre, granit, marbre. Devant eux, ils ont des blocs de stéatite, ce que tout le monde appelle de la pierre à savon. Les Inuits sont reconnus pour l’utiliser. Pierre idéale pour commencer une sculpture. Présentation et utilisation des divers outils : couteaux, limes, Dremel et le dimanche matin, papier abrasif de toutes grosseurs. Deux jours à frappe, frappe, cogne, martèle. Toc toc toc. Et perce et enlève. Et râpe et tourne et observe et balaie la poussière fine. Et sable, sable encore, mouille et peaufine. Écoute le professeur, boit ses paroles, admire son talent et retourne au toc-toc-toc.
Le dimanche soir, l’artiste est enchantée, son œuvre est presque terminée. De plus elle pourra voir l’artiste à nouveau puisqu’il exposera, en compagnie d’un de ses élèves, au centre d’art de Montebello en août.
L’auteure, elle, a pu terminer de corriger son manuscrit, assise bien tranquillement dans son véhicule récréatif, en s'offrant quelques petites pauses dans le parc en face, la rivière du Lièvre coulant forte, large et régulière à ses pieds.
Retour au camping... sous la pluie, mais le cœur heureux de leurs créations, la tête pleine de rêves. Et départ le lendemain matin vers la municipalité de Baie-James.
(photo: Louise Falstrault et Eugène Jankowski)