Vers 1h du mat, je me suis relevée, je me suis pelotonnée dans mon fauteuil avec mon bouquin dans l'espoir que ça aiderait le sommeil à venir.
J'ai lu un bon moment et puis, je suis arrivée à ce passage :
"- Que se passera-t'il quand tout cela sera terminé ? Y avez-vous songé ?
Toute trace de joie quitta le visage de Caroline ; elle parut soudain si vulnérable qu'Emily faillit la prendre dans ses bras comme elle l'aurait fait d'un enfant.
- Je serai vieille et seule, et j'aurai des souvenirs de l'époque glorieuse où j'étais heureuse et aimée, même si cette période-là n'a pu m'appartenir pour toujours, répondit Caroline avec calme, les yeux fixés sur son couvre-lit. J'aurai connu le rire, la gaieté, l'amitié ; peu de femmes auront eu ce privilège, et je garderai en moi ces souvenirs sans amertume. Voilà ce qui se passera, conclut-elle en levant les yeux vers sa fille. Je ne me laisserai pas abattre. Et je ne m'attends pas à ce que mes filles veillent sur moi, tandis que je pleurerai sur ma solitude. Cela peut-il te rassurer ?
Emily sentit les larmes lui monter aux yeux.
- Non... je... je souffrirai tellement pour vous !
Elle renifla et chercha sans succès un mouchoir.
Caroline lui tendit le sien.
- C'est le prix de l'amour, ma chérie, murmura-t-elle. En général, ce sont les parents qui se font du souci pour leurs enfants, mais parfois c'est le contraire. En fin de compte, le seul moyen d'éviter de souffrir serait de n'aimer personne. Mais ce serait comme avoir une part de soi qui ait cessé de vivre.
Emily poussa un long soupir. Il n'y avait rien à ajouter."
("Le Bourreau de Hyde Park" d'Anne Perry)
J'ai eu envie d'aller me recoucher juste après, apaisée, sereine, vivante, heureuse... comme ça !
A bientôt !
La Papote