J’pourrais mourir maintenant
M’ouvrir à l’inconnu
Quand viendra la musique
A mon corps défendant
Et mon cœur mis à nu
J’saut’rai sur l’élastique
J’regarderai les gens
j’jouerai au funambule
J’pourrais mourir maintenant
Puisque cent mille lunes
Ont dessiné la dune
Dès que je me suis tue
Puisque l’océan roi
S’est changé en maison
Et que les vagues battent
Sur la plage éclatée
Puisque l’étoile m’enrobe
Et qu’il est déjà tard
Puisque j’ai tout gardé
Que j’en garde le goût
Pas question qu’j’me dérobe
J’me fie pas au hasard
Je pourrais en finir
Car j’ai connu tes lèvres
Au goût de paradis
Car je n’oublierai pas
Les pieds et poings liés
Qui font battre mes veines
Ancêtres aliénés
Tandis que je suis reine
Et puis d’autres nazis
Ceux qui font que je hais
Ce dont je suis le fruit
Dans la guerre et la paix
Car on m’a faite mère
Que j’ai crée les vagues
J’ai bercé deux bébés
Car j’ai roulé mes joints
Tourné la manivelle
Même écrit des poèmes
Où je me disais « celle »
Que tu reconnaîtras
Hirondelle ou Horla
Peu m’importe, je suis là
J’pourrais mourir maintenant
Avant de m’être usée
J’en rajoute une couche
Et mon corps au matin
Renaîtra dans les cieux
ça n’serait pas malin…
Alors je reste au pieu
J’pourrais peut-être mourir
Si je n’étais hantée
Par ton regard cruel
Que dessine la peur
Par la page, mon bagne
Par la phrase, la dernière
Par cet agitateur
Qui fait battre mon cœur
Par tous les faux semblants
Faire encore un effort
Pour faire taire les ânes
Raviver les couleurs
Revenir au château
Rallonger cette liste
Retourner sur la piste
Revivre chaque odeur
Accepter d’rien savoir
Et n’avoir rien à vendre
Me faire un jour si tendre
Que même le désespoir
M’barr’rait plus le chemin
J’aurais plus peur de rien
J’trouv’rais que rien ne cloche
Quand je s’rai dans tes bras
Plus la moindre anicroche
J’pourrais mourir maintenant
Oui monsieur oui madame
Mais j’vous sens empâté
Est-ce moi qui vous tourmente
Ou est-ce l’eau de vie
J’pourrais mourir maintenant
J’ai rien à regretter
Sauf d’aimer trop la vie…