Analyse de la forme bénigne de SEP grâce à l’IRM et à d’autres techniques
d’imagerie, réalisée par des chercheurs européens
RÉSUMÉ
Un groupe de spécialistes du domaine de l’imagerie de la SEP vient de publier de nouvelles données cliniques et d’imagerie qui pourraient expliquer pourquoi certaines personnes ne sont
atteintes que d’une forme légère de sclérose en plaques (SEP), qu’on dit aussi « bénigne ». Ils recommandent de prendre en compte non seulement les fonctions physiques, mais aussi les fonctions
cognitives, avant de poser un diagnostic de SEP bénigne. Massimo Filippi, M.D. (Scientific Institute and University Ospedale San Raffaele, Milan, Italie) et ses collègues du groupe de travail
MAGNIMS (groupe européen s’intéressant à la SEP et à l’imagerie par résonance magnétique), présentent les résultats de leurs travaux dans la revue Neurology
(2009;72:1693-1701).
DÉTAILS
Contexte : La SEP est une maladie bien connue pour son caractère imprévisible. La forme bénigne de SEP englobe généralement les personnes qui sont atteintes de cette maladie depuis une
période allant de 15 à 20 ans et dont les incapacités physiques demeurent très légères. Il n’existe encore aucune façon de savoir si une personne sera atteinte d’une forme bénigne de SEP, forme
qui, chez certains, peut par ailleurs évoluer vers une autre forme, au fil du temps.
Trouver une façon fiable de prédire qui sera atteint d’une forme légère de SEP perme ttrait aux médecins de mieux conseiller leurs patients et peut-être même d’éviter à certains d’entre eux les
dépenses et les inconvénients associés à la prise d’un agent modificateur de l’évolution de la SEP aux premiers stades de la maladie, ce qui est généralement recommandé pour la SEP cyclique
(poussées-rémissions). Les études ayant pour but d’approfondir nos connaissances sur la forme bénigne de la SEP visent également à identifier les facteurs contribuant à la préservation des
différentes fonctions, ce qui permettrait peut-être d’améliorer le traitement des formes plus invalidantes de la SEP.
Compte rendu : L’article rend compte des conclusions de l’atelier du 28 mai 2008 du groupe de travail MAGNIMS, durant lequel les spécialistes ont passé en revue les principales études d’IRM
qui avaient été menées auprès de personnes atteintes d’une forme bénigne de SEP. Les études au cours desquelles on a comparé ces dernières aux personnes atteintes de formes plus typiques de SEP,
comme la SEP cyclique (caractérisée par des poussées (attaques) suivies d’un rétablissement partiel ou complet) et la SEP progressive secondaire (caractérisée par une forme initiale cyclique suivie
d’une progression continue de la maladie, avec ou sans poussées), ont donné lieu à quelques résultats d’IRM propres à la forme bénigne de SEP ou qui pourraient être utilisés comme facteurs
prédictifs d’une forme légère de SEP.
Ils ont découvert qu’en règle générale, le nombre de lésions (régions marquées par une détérioration tissulaire ou l’activité de la maladie) chez les personnes atteintes d’une forme bénigne de SEP
était moindre que chez les personnes atteintes de SEP cyclique, et ce, particulièrement dans les régions du cerveau associées au mouvement, tels la région cervicale supérieure de la moelle épinière
et le cervelet.
Comparées aux personnes atteintes de SEP progressive secondaire, les personnes atteintes d’une forme bénigne de SEP présentaient en outre une activité inflammatoire plus légère et une atrophie
moins importante (diminution du volume des tissus) dans les régions du cerveau associées aux incapacités cliniques, comme le cervelet, la moelle épinière et la substance grise (région du cerveau où
sont situés les corps cellulaires des neurones), et une détérioration tissulaire moins importante dans les lésions et dans la substance grise.
Les auteurs précisent que ces signes ne constituent pas des facteurs prédictifs et qu’ils ne doivent pas être utilisés comme critères de diagnostic de la SEP bénigne. En outre, ces anomalies mises
en évidence par l’IRM dans les cas soupçonnés de SEP bénigne peuvent aussi être associées à une autre forme de SEP. Les chercheurs ajoutent qu’il sera nécessaire de procéder à des études de grande
envergure auprès de personnes ayant reçu un diagnostic de SEP bénigne pour valider ces résultats. Ils suggèrent qu’un ou plusieurs des facteurs énumérés plus haut, ainsi que la capacité adaptive du
cerveau en réaction aux lésions, pourraient expliquer la forme légère de la maladie, typique de la SEP bénigne.
Il importe de noter que les chercheurs du groupe MAGNIMS se sont aussi penchés sur les troubles cognitifs rapportés dans une proportion aussi élevée que 45 pour cent des personnes chez qui la SEP
avait une évolution légère. Ils ont constaté que les personnes qui avaient reçu un diagnostic de SEP bénigne et qui souffraient des troubles cognitifs présentaient un plus grand nombre d’anomalies
mises en évidence par IRM que les autres. Le groupe croit qu’il est urgent de redéfinir la SEP bénigne et précise que la nouvelle définition devrait mentionner l’absence de troubles cognitifs,
confirmée par une évaluation neuropsychologique.
source: communication médicale de la Société Canadienne de la Sclérose en
Plaques