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Un homme affable VIII.6

Publié le 23 juillet 2009 par Sophielucide

Le silence qui avait suivi la lecture de ce mail était empli de questions que nous n’osions pas nous poser, qui venaient nous chercher dans nos retranchements. Dire que j’étais déçue n’était que doux euphémisme ; je m’attendais naïvement à une confession en règle, que Fabien lirait devant la Cour, en y mettant le ton de l’accusation soulignée par l’absence du témoin principal. Nous nous trouvions toujours dans le lit, mais avec le sentiment d’être maintenant embourbés dans une tranchée, sans la moindre stratégie d’attaque à adopter.

«  A ce rythme, on n’est pas sortis de l’auberge » sortit Fabien qui devait sentir le besoin de détendre l’atmosphère qui s’assombrissait brusquement. Clotilde ne parlait plus, Louve Solitaire usait de métaphores impossibles à interpréter et moi je doutais sérieusement maintenant de la culpabilité de Monique Massier, ce dont je me serais volontiers passée.

«  Soit je me trompe encore une fois, soit elle est hors de cause et on repart à zéro. Je commence à me fatiguer de chercher en vain, d’entrevoir des pistes qui ne sont que des impasses, en vérité j’en ai assez…
-   C’est bon signe, on tourne autour de quelque chose, là… Elle est très forte, la Massier,  mais elle aurait pu dire tout cela à la barre, je suis sûr qu’elle va envoyer une suite, ceci n’est qu’une mise en bouche pour te mettre dans sa poche, et regarde comme elle y réussit !
-    On peut comprendre son désarroi et son dégoût tout de même
-   Faudrait savoir ce que tu veux : innocenter la Massier ou Clotilde ?
-   Et si ce n’était aucune des deux ?
-   Au point où nous en sommes c’est parfaitement plausible, mais mieux vaut ne pas y penser sous peine de perdre le cap ; tu penses encore à ce psy ?
-   Pas vraiment mais il est le seul, à part Charles à connaître ces deux femmes. C’est notre maillon manquant
-   Pas bête ; je vais appeler Paul.
-   D’accord ; pendant ce temps, je vais répondre à Louve Solitaire. Il faut que je la relance, qu’elle en dise un peu plus »

«  Chère Louve,
J’avoue ne pas avoir tout saisi dans vos propos ; je pensais un peu naïvement que nous partagions la même histoire au sujet de l’abandon sentimental dans lequel nos hommes respectifs nous avaient placées. Je comprends à l’instant que vous surmontez un deuil et ma douleur, à côté, me semble dérisoire… Je suis prête à partager ce moment de compassion avec vous si vous le souhaitez. Vous lire est un réconfort peut-être un peu malsain ( pas question de vous mentir) mais si instructif aussi sur mes propres sentiments et sur l’amour tel que vous le décrivez, si proche de celui que j’ai connu et qui m’a consumée. A très vite »


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