Oestrogènes contre la SEP

Publié le 24 juillet 2009 par Pat La Fourmi
Les oestrogènes pour traiter la SEP, résultats encourageants d’une étude pilote

Actuellement, les traitements disponibles contre la SEP, que ce soit les interférons bêta ou les anticorps monoclonaux tels que le natalizumab, ont surtout pour but de réduire le phénomène inflammatoire présent dans les lésions de la substance blanche cérébrale. Cependant, il est maintenant clairement admis qu’il existe une composante dégénérative (perte neuronale) associée à l’inflammation dans la SEP. Mais aucun des traitements actuels utilisés dans cette pathologie n’ont d’effets neuroprotecteurs démontrés.

Plusieurs arguments ont permis d’envisager l’utilisation des oestrogènes dans la SEP : tout d’abord, les oestrogènes sont connus pour avoir un effet à la fois anti-inflammatoire et neuroprotecteur. De plus, de nombreuses données ont prouvé que la grossesse avait des effets bénéfiques sur l’évolution de la SEP avec un effet rebond en phase post-partum, c’est-à-dire au moment où le taux sanguin d’œstrogènes diminue.

Dans cette synthèse sont rapportés les résultats d’une étude pilote déjà publiée ayant inclus six patients RRMS et quatre patients SPMS suivis pendant 22 mois au cours desquels ils ont passé un examen IRM tous les mois et un examen neurologique tous les 3 mois. Les participants ont donc reçu un traitement par de l’œstradiol (8 mg/jour) pendant 6 mois, arrêté les 6 mois suivants puis repris pendant 4 mois. La dose d’œstradiol administrée correspond à peu près à la dose présente dans le sang au cours du 6ème mois de grossesse.

En comparaison avec la période de pré-traitement, les patients RRMS ayant reçu l’œstradiol présentent une diminution du nombre de lésions prenant le gadolinium (qui ré-augmente dès que l’on arrête le traitement) et une amélioration des fonctions cognitives (évaluées par le PASAT). Cependant, ces améliorations n’étaient présentes que chez les patients RRMS, l’œstradiol n’ayant aucun effet sur ces paramètres chez les patients SPMS. Différentes phases II et III prolongeant cet essai clinique initial sont actuellement en cours (aux USA et en Italie).

Les résultats de l’étude pilote font supposer que les œstrogènes pourraient être efficaces pour traiter la SEP de par sa double action anti-inflammatoire et neuroprotectrice. Il faudra attendre les résultats des phases II et III pour s’assurer du potentiel thérapeutique de cette hormone. Enfin, malgré ces résultats encourageants, il ne faut pas négliger les effets néfastes d’un traitement substitutif notamment au niveau cardiovasculaire et tumoral, comme l’avait montré l’étude de la Women’s Health initiative (WHI).

Date de publication : 26-06-2009
source: Blandine Grassiot (CHU de Caen)
Article commenté : Estrogen treatment in multiple slcerosis
Gold SM, Voskuhl RR J Neurol Sci. 2009 Jun 17.