Voilà une phase de transition qui invite à penser au temps, je trouve.
Au temps qu'on prend, qu'on a, qu'on ne voit pas toujours, qui file, défile.
Surprise. Les coups de fils amis témoignent de cela. Sont quelques uns à faire le choix de rester chez eux. Parce qu'on n'en profite pas, disent-ils. Pas assez, esquissent-ils.
D'autres coups de fils amis témoignent de cela différemment. Envie de décamper ou de camper, c'est selon, en tout cas désirs d'ailleurs. Voir du pays. Se sortir du chez soi.
Derechef, me voilà à penser au bouquin de Bodil Jönsson, 10 considérations sur le temps. Je vous le recommande. La bande annonce commerciale en dit ceci : " Débordés, épuisés, stressés. Quand le tourbillon du temps devient destructeur, on a parfois l'impression de tourner dans une roue comme un hamster. Si, comme la majorité des occidentaux, vous jonglez au quotidien avec une multitude de petits riens, Bodil Jönsson vous donne les clés pour les rattraper un par un. Elle se fait l'avocat des temps d'arrêt, nécessaires à la pensée. Un essai plein d'humour, riche en métaphores efficaces qui remet le temps au centre du quotidien et nous invite à le penser différemment."
Voici également un extrait :
"Pourquoi courons-nous autant après le temps ? Une des raisons principales est que nous nous sommes adaptés aux modèles de pensée de l'ère industrielle. L'industrialisme implique que nous soyons totalement entre les mains du temps artificiel. Son ascension et son déclin actuel ont également déformé notre attitude face au travail et à la manière dont nous l'évaluons.
Revenons exactement un siècle en arrière. En 1899, on luttait férocement pour cesser de se tuer au travail. Une personne aurait été incapable de comprendre une idée aussi absurde que de vouloir créer du travail. Les gens aspiraient à la liberté du travail, ou au chômage. Un homme de 1899 n'aurait jamais prononcé le mot « chômage » avec des sanglots dans la voix. Il aurait plutôt demandé : « Vous trouvez que ce n'est pas bien d'éviter de se tuer au travail ? »
Mais, tant alors que maintenant, la règle suivante existait : l'homme a besoin de sentir que l'on a besoin de lui. Je me dis parfois que nous devrions instaurer un ministère du Chômage. Et, bien entendu, le ou la ministre en exercice ne devrait pas lutter contre le chômage. Non, il devrait veiller à ce que les chômeurs sentent que l'on a besoin d'eux. Car les tâches ne manquent pas, et rien ne dit qu'elles doivent être effectuées selon les anciennes formes de travail."