Magazine Journal intime

Sauvage moi ? Nooon, juste un peu méfiante...

Publié le 24 juillet 2009 par Beatrice29
"Soyez polis envers tous, mais intime avec peu; et choisissez les bien avant de leur faire confiance." (George Washington)

Je pense que cette citation résume assez bien ma façon d'être. Certes, je peux paraître "sauvage", certes j'ai du mal à accorder ma confiance et à aller vers les gens, mais une fois que la glace est brisée, et une fois que "des preuves" ont été données, ma confiance est totale. En revanche, comme le dit la citation, je suis polie avec les gens en général mais intime avec très peu de personnes.
Que sont ces preuves dont j'ai besoin pour devenir "intime" avec quelqu'un ou que quelqu'un devienne "intime" avec moi ?Oh, pas grand chose finalement. Des attentions régulières, y compris dans les moments difficiles, de la fidélité, du temps. C'est facile de se dire "amis", c'est beaucoup plus difficile de l'être réellement. J'ai peu d'amis réels et je ne tiens pas à en avoir beaucoup parce que je ne pense pas que l'amitié soit "multipliable" à l'infini. J'ai mis du temps à faire confiance à ces amis qui sont, effectivement devenus des "intimes".
Je ne veux pas être hypocrite et faire croire que je deviens l'amie de tous ceux que je croise sous prétexte qu'on semble bien s'entendre. Je sais que des gens ont besoin de ça ou bien aiment ce sentiment de s'être fait un ami dès qu'ils ont rencontré quelqu'un avec qui le courant est bien passé. Pourtant, selon ma conception, ça ne suffit pas. Cela dit, je ne critique pas leur façon de faire, ils ont peut-être raison d'ailleurs. Ils ont en tout cas plus de chance que moi de rencontrer de nouvelles personnes et donc de se faire de nouveaux amis... mais, je ne peux pas agir ainsi.
Je me souviens d'une fille à la fac avec qui je m'entendais assez bien. Elle me savait plutôt solitaire, timide et même un peu sauvage (oui, cet adjectif revient toujours, je sais) et un jour je lui ai raconté que j'avais passé plusieurs heures à discuter avec une autre fille qui était en cours avec moi. Ma copine me dit aussitôt :"Oh, je suis contente que tu te sois fait une amie !" Une amie ? Non. J'avais passé un bon moment en sa compagnie et j'espérais la revoir et avoir à nouveau l'occasion de parler avec elle. Mais elle n'était pas une amie.
D'ailleurs, par la suite, je suis restée quelques années en contact avec elle sans qu'elle ne devienne jamais une véritable amie et cela doit bien faire une dizaine d'années que je ne l'ai plus revue ni entendue. Cela n'enlève rien au fait que je m'entendais bien avec elle, que je l'aimais bien, que nous avons partagé certaines choses ensemble. Mais ce n'est pas une amie. Ça ne l'est jamais devenu alors comment aurais-je pu dire qu'elle en était une le lendemain de ma rencontre avec elle ?Je ne connaissais même pas son nom de famille, je ne savais quasiment rien d'elle à ce moment-là. Et réciproquement. Nous avions bien parlé de nos cours à la fac, de notre parcours scolaire... mais en dehors de ça, nous ignorions tout l'une de l'autre alors, comment parler d'amitié ?... Et même, là encore, plusieurs années après je savais plus de choses sur sa vie mais ça n'a pas fait que nous sommes devenues amies. Nous sommes restées "copines" pendant un certain temps, c'est tout.
Le fait d'avoir peu d'amis et même de connaître assez peu de gens comparativement à d'autres ne me dérange pas. Mes amis ont des privilèges que n'ont pas mes copains; mes copains ont des privilèges que n'ont pas mes connaissances. Si je commence à tout mélanger et à me confier autant à une vague connaissance qu'à un ami intime, que pensera cet ami ? Que finalement j'agis avec légèreté, que je n'accorde aucune valeur particulière à la relation privilégiée que nous avons puisque je fais la même chose avec quelqu'un que je connais à peine.
J'aime vraiment avoir une relation privilégiée avec des gens. C'est ça qui me fait dire que nous sommes amis. C'est mon petit bonheur à moi. Un bonheur simple mais capital et même vital. J'aime avoir de temps en temps la preuve qu'on me fait confiance, à moi, plus qu'à quelqu'un d'autre peut-être. Et j'espère que mes amis pensent la même chose. Qu'ils savent que ce que je leur donne de moi, je ne le donne pas à tout le monde de la même façon. C'est ça qui fait que nous sommes amis au sens véritable du terme. Et si j'apprends que de leur côté ils se mettent à se confier à quelqu'un qu'ils viennent de rencontrer comme à moi, j'en suis profondément blessée... je me demande quelle importance j'ai à leurs yeux si un inconnu peut en savoir autant que moi... et en moins longtemps en plus. Je me dis que notre relation que je pensais particulière ne l'était absolument pas. Le privilège saute. L'amitié prend du plomb dans l'aile...
Mais je réagis de la même façon avec quelqu'un qui, selon moi, se met trop vite à me parler d'amitié entre nous... je ne lui fais pas confiance ou en tout cas, je suis prudente. Je me mets alors à la place de ses amis et s'il me confie tout tout de suite, je me dis que ses amitiés ne doivent pas être bien sérieuses ou profondes. Je ne prends pas ses confidences comme une marque de confiance, mais plutôt comme un besoin de parler, de se raconter... caractéristique qu'on rencontre parfois, qui, encore une fois n'est pas condamnable, et que je ne juge pas mais qui n'attire pas ma confiance au premier abord. Ensuite, encore une fois, il n'y a pas de règle absolue et figée, bien sûr... et quelqu'un qui s'est confié très vite, qui a parlé d'amitié très vite peut, évidemment, devenir un vrai ami si la relation perdure et s'approfondit dans la durée.
D'un ami, je peux connaître les secrets (bon, pas tous, faut pas exagérer non plus), les failles, les joies, les peines profondes, les espoirs, les désirs, les besoins... Et il connaîtra tout cela de moi aussi, à force de confiance, au fil du temps, lorsque nous nous serons prouvé que nous comptons l'un pour l'autre.
Un copain connaîtra certaines choses aussi mais sans doute moins et une connaissance n'a pas à savoir tout ça... sauf si par la suite  les circonstances font que cette connaissance devient un ami, évidemment (comme je l'ai dit, rien n'est jamais figé). Je ne ferme pas la porte à qui que ce soit mais je n'ai pas non plus le besoin de me rassurer en me disant que j'ai une quantité astronomique d'amis.
Sinon, si j'éprouvais ce besoin ce  serait le signe que les amis que j'ai, en qui j'ai confiance, que j'aime tout simplement, ne me suffisent pas... qu'ils ne sont pas "à la hauteur" de ce que j'attends d'un ami au point que je me sente obligée d'en chercher partout un autre ou même plusieurs autres. Or, mes amis me comblent de bonheur. Si quelqu'un vient se rajouter, je ne le rejetterai pas, c'est évident... mais notre relation devra, comme toutes les autres, faire ses preuves.
Pendant longtemps, j'ai eu seulement 3 amis véritables. (de 17 à 30 ans environs). La vie a fait que j'en ai perdu deux sans doute parce que je m'étais trompée... ou bien parce que leur vie a changé tout simplement. D'autres sont venus s'ajouter à une époque où je me sentais très très seule... Ce n'est pas pour cela que j'ai parlé d'amitié trop vite, que j'y ai cru trop tôt même si je crevais de me sentir si seule. J'avais l'espoir qu'on devienne amis parce que c'était des gens que j'appréciais vraiment beaucoup mais j'ai refusé de précipiter les choses. Et lorsque l'un d'entre eux, qui est justement devenu l'un de mes amis intimes  depuis, a employé un jour le mot "amis" en parlant de nous, j'étais aux anges parce que c'est ce que j'espérais... mais j'ai laissé le temps faire son oeuvre afin de ne pas me bercer d'illusions et souffrir de m'être emportée trop rapidement.
Il est vrai que j'attends souvent que ce soit l'autre qui me parle d'amitié un peu comme si je ne m'en donnais pas le droit même si je pense , de mon côté, qu'une amitié est née. Lorsque je sais que je peux le dire, j'en suis heureuse mais avant, je ne me permets pas de peur que l'autre personne ne soit pas dans les mêmes sentiments et que je ne sois qu'une simple copine à ses yeux.
Alors, c'est vrai. A cause de ces principes et de ces craintes, je peux passer pour quelqu'un de sauvage voire de distant. Je sais que je le suis au premier abord. C'est par auto-protection, tout simplement. Et c'est une sorte de filtre dans un sens parce que tous ceux qui n'aiment pas ce côté de ma personnalité ne sont pas restés près de moi et n'ont pas eu l'occasion (ou l'envie) de devenir mes amis. Sans doute qu'ils auraient préféré que je leur saute au cou et que je me confie à eux très vite... sauf que je ne fonctionne pas comme ça, je suis incapable de le faire.
Mes expériences passées m'ont appris à être prudente... parce que ma nature profonde , je crois, c'est d'avoir envie d'être entourée, c'est d'avoir l'impression d'être aimée et de pouvoir dire que j'aime les gens, de me sentir le droit de le dire aussi. Mais, malheureusement, la vie m'a appris que lorsqu'on se donne trop tôt, lorsqu'on y croit très fort trop vite, on tombe souvent de haut et ça fait très mal. On m'a aussi trop souvent fait comprendre dans ma jeunesse que je n'avais pas tout à fait la légitimité qu'il fallait pour aimer quelqu'un, même par amitié (l'amour, n'en parlons pas, c'est un sujet qui fâche!).
Je ne dis pas que ma méthode "distance puis confiance" est infaillible et que les amitiés auxquelles je tiens ne s'effondreront jamais mais, disons qu'elles ont passé des caps importants, qu'elles perdurent depuis plusieurs années dans la régularité et c'est ça qui compte, à mes yeux du moins. On peut toujours évidemment se fâcher. Personne n'est à l'abri de ça. Mais j'essaie de faire en sorte que ça n'arrive pas même s'il m'arrive d'être maladroite, de mauvaise humeur, désagréable ou je ne sais quoi. Personne n'est parfait...
Mes amis sont des gens à qui j'ai donné ma confiance parce que je pense qu'ils la méritent. Je pense qu'ils m'ont donné la leur pour les mêmes raisons. Nous avons une relation privilégiée à laquelle je tiens sincèrement et profondément et à laquelle ils tiennent sans doute aussi. Nous avons appris à nous connaître et à nous accepter tels que nous sommes... Le temps semble nous donner raison. Je veux croire que ce sont des amitiés véritables.


Retour à La Une de Logo Paperblog