Magazine Journal intime
Des artistes...
Publié le 25 juillet 2009 par Beatrice29Je rebondis sur le dernier article de Yentl consacré au sentiment qu'elle éprouve depuis la mort de Michael Jackson. A un moment, elle se demande un peu pourquoi on a de la peine lorsqu'un artiste meurt alors que, finalement, c'est quelqu'un qu'on ne connaît pas et que, sans doute, on n'aurait jamais connu. Combien de fois j'y ai pensé moi-même à propos de ma passion pour Claude François ! Et combien de fois ai-je entendu des gens me faire la remarque aussi.
A force, on se dit qu'on ne doit pas être normal. Se passionner pour un artiste ok mais avoir autant de peine lorsqu'il meurt, ça paraît louche aux yeux de ceux qui n'ont jamais connu ça et qui, par conséquent n'imaginent même pas le connaître un jour. On a toujours tellement de mal à se mettre dans les baskets des autres !
Les artistes sont des gens qui sont présents dans notre vie sans pour autant en faire partie. On les voit, on les écoute, on suit leur carrière et leur évolution. Ils représentent beaucoup de choses : on aime leur musique ou leur jeu si ce sont des acteurs. Dans le cas d'un Michael Jackson, même si on ne le voyait plus vraiment, il faisait partie du paysage musical depuis tellement longtemps qu'on ne risquait pas de l'oublier. C'était devenu une référence, sinon LA référence en matière de STAR mondiale. La longévité associée à la popularité fait qu'on n'imagine même pas voir ces gens disparaître... et d'ailleurs, contrairement à nous, pauvres humains banals, ils ne disparaissent pas complètement. Je pense que dans plusieurs décennies, on parlera encore de Michael. Il n'empêche qu'une disparition comme la sienne fait un choc, d'autant plus à la veille d'un retour sur scène que beaucoup de gens attendaient avec impatience.
J'ai été très malheureuse de la mort de Claude François qui m'avait fait un véritable choc aussi même si je n'avais que 7 ans et des poussières. Et très longtemps, je trouvais cette mort injuste et en quelque sorte, je ne m'en remettais pas... Pendant plusieurs années, je refusais même d'écouter qui que ce soit d'autre. A chaque 11 mars, je me sentais triste... et puis, j'ai grandi, j'ai vieilli... J'ai rencontré des gens qui sont devenus des amis. Claude François qui "m'accompagnait" alors que je me sentais très seule, a cédé la place à des gens bien vivants, bien concrets et surtout bien présents.
Et puis, l'expérience de l'Amicale Claude François, même si elle a été très belle et si elle m'a justement permis de rencontrer des amis précieux, a été l'occasion de voir quelles proportions délirantes et même inquiétantes peut prendre le fanatisme et la folie pour un artiste. Je me suis dit que j'avais peut-être été comme ça... et même, je pense qu'à 15 ans j'étais effectivement aussi monomaniaque et qu'on devait aussi me prendre pour une allumée... J'ai donc bien changé... j'aime toujours Claude François, j'aime bien l'écouter et le voir. J'ai toujours quelques photos ou posters chez moi parce qu'il fait partie de ma vie et que je ne le renie pas. C'est simplement que mes priorités ont changé.
J'ai eu besoin de m'attacher à Claude François pour avoir l'impression d'être comme tout le monde puisque lui, j'avais le droit de l'aimer comme un père ou un frère ou un ami idéal. Je me disais même qu'il était une sorte d'ange gardien... On s'accroche à ce qu'on peut quand on se sent seul et rejeté de partout. J'avais conscience que Claude François vivant n'aurait pas été différent des autres et qu'il ne m'aurait pas regardée mais là, je pouvais rêver... ça m'aidait à survivre en quelque sorte... Je me disais que je vivais pour lui, que mon "amour" pour lui faisait qu'il ne serait pas tout à fait mort. C'est con mais on n'est jamais très réaliste à l'adolescence.
J'admire d'autres artistes aujourd'hui et je sais que j'aurai beaucoup de peine lorsqu'ils disparaîtront... C'est évident. Je ne pense pas que ça reprendra les proportions que ça a pu prendre pour Claude mais je sais que ça me rendra très triste parce que ces gens font partie de mon univers depuis très longtemps aussi et que même sans les connaître personnellement, ils sont là et je les aime bien.