L’info pique une tête

Publié le 26 juillet 2009 par Dalyna

Pendant les vacances d’été, il n’y a pas que les français qui ont les pieds dans l’eau. L’info aussi. Et encore, quand elle n’est pas complètement noyée la pauvre.


L’été, c’est le moment idéal pour se reposer, et à en lire les journaux et regarder la TV, le monde lui aussi, a subitement décidé de faire un break. Plus de conflits internationaux ni de politique, plus de lois ni de réformes, plus de misère ni de maladies (A part la grippe A of course). Non, pendant les vacances, le monde a juste décidé de faire comme nous et de migrer sous les cocotiers avec une bonne Pinà Colada.


Du moins, c’est ce que l’on pense en suivant un peu l’actualité. Sachant qu’en temps normal, les faits divers ont déjà tendance à sur-occuper la scène médiatique, en été c’est simple, il n’y a que ça. De la petite fille noyée dans la piscine familiale, aux accidents de scoutes, et bien sûr des fameux incendies, les journaux ouvrent successivement sur les mêmes faits divers, certes dramatiques, mais dont rien ne justifie l’annonce du fait de leurs inconséquences sur la société et le monde. Mais comme il faut malgré tout alimenter le Jité, les journalistes ont décidé de faire comme chaque année : ressortir les sujets « Agenda ». L’agenda dans le jargon journalistique, ce sont les sujets-magazines prévus pour une période future, et dont on sait à l’avance qu’on les traitera à la même période et de la même manière. Exemple : l’achat des fournitures scolaires à la rentrée, les chocolats de Noël, les œufs  à Pâques etc. Avec ce foisonnement de nouvelles insignifiantes, ce qui reste frappant en regardant les JT de l’an 2000, est ce  formidable paradoxe entre un sérieux revendiqué (homme-tronc, mine grave, tenue impeccable, décor épuré, musique dramatique…) et une incroyable pauvreté intellectuelle au vu des nouvelles énoncées (un accident domestique en « une », un incendie, reportage micro-trottoir…).

En été, l’information se résume donc en 3 points :

-   Les incendies. Nombre d’hectares brûlés, témoignages de pompiers nous précisant si le feu est éteint ou pas, micro-trottoir des habitants nous rapportant qu’ils ont été évacués la nuit, que le feu a frôlé leur maison d’un millimètre.

-   Les vacances. En été, tous les médias deviennent en chœur des mini-Pernaut. Reportage au Cap d’Agde, à Nice, en Bretagne, micro-trottoir des plagistes, température de l’eau… bref le festival des infos capitales pour l’humanité.

-   Les faits divers. Je crois que c’est l’unique variante puisque ce sont les seules infos que les médias ne peuvent pas prévoir à l’avance. Toutefois, je les soupçonne d’avoir un bureau AFP en liaison directe avec toutes les piscines privées de France et de Navarre.


« Les faits divers (…) ont pour effet de faire le vide politique, de dépolitiser et de réduire la vie du monde à l’anecdote et au ragot ».

Pierre Bourdieu, « Sur la télévision », 1996.