Le Médecin malgré lui - Le Théâtre 100 Masques
© Jeannot Lévesque- Photo Sylvain Dufour
Vent de rire et de fraîcheur a soufflé sur Chicoutimi. Hier soir, la petite salle Murdock, toute de noir vêtue, s’égayait des répliques piquantes d’un Sganarelle (Pierre Tremblay), médecin malgré lui et fort aise de l’être lorsque les écus sonnant ont remplacé les coups de bâton frappant.
Pour célébrer son dixième anniversaire, le Théâtre 100 Masques s’est offert une farce de Molière comme une récréation où pouvoir utiliser tous les jeux de scènes possibles, s’amusant de la forme plutôt que d’en interroger le sens. L’un n’excluant pas l’autre, mais ouvrant le jeu de scène à des pirouettes physiques et verbales parfaitement inutiles si ce n’est d’y prendre plaisir à le faire autant qu’à le voir faire.
Tout commence devant les rideaux clos, alors que trois hommes en noir vont nommer un à un les 67 donateurs de cette production estivale afin de les remercier. Évitant un protocole fastidieux, ils secondent une comédienne, extirpée d’une malle transformée en minuscule scène, qui, pour chaque nom et profession nommés, déclame une citation appropriée puisée dans les textes de Molière. Toute une lecture des pièces de cet auteur pour en extraire «la» phrase se mariant le mieux avec la fonction du mécène. Un feu roulant, très théâtral, donnant le ton à ce qui va suivre.
Christian Ouellet, metteur en scène et comédien
Ici dans une scène de La Cerisaie - Les Têtes Heureuses
© Jeannot Lévesque
La mise en scène de Christian Ouellet est toute en vivacité. Les trois actes de la pièce Le Médecin malgré lui vont se dérouler tambour battant. Pas d’interruption entre les scènes qui changent de lieu aussi simplement que défile un drap sur une corde à linge. Double draps sur lesquels on a peint l’intérieur d’un riche salon.
Ingéniosité, rythme, mouvements et verbes. Rien ne manque dans ce jeu débridé aux accents incroyables soutenant un texte adapté de façon à assurer une sorte de concomitance entre la langue classique du temps de Molière et la langue vernaculaire de milieux québécois.
Le propos de Molière trouve échos auprès du public saguenéen fort réjoui des tirades échangées sur le mariage, la médecine et l’amour. La salle était petite, mais elle était pleine. Le théâtre 100 Masques aura joué plusieurs soirs à guichet fermé. Une bien agréable soirée… Trop vite passée s’étonnait mon voisin qui doutait avoir assisté aux trois actes.
Un bon choix du metteur en scène que ce rythme soutenu, sans doute très exigeant pour les comédiens qui ont su maîtriser la difficulté que représente (du moins je le crois) la grande proximité du public, en raison de l’espace dévolu à ce théâtre.
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Dario Larouche - Théâtre 100 Masques
Directeur général et artistique depuis 2007
© Jeannot Lévesque
Le Théâtre 100 Masques (TCM) a été fondé par Sophie Larouche, Maryse Lavoie et Magalie Roy en 1999, alors étudiantes de l’Université du Québec à Chicoutimi, afin d’offrir des opportunités d’emplois à la relève, principalement issue du baccalauréat interdisciplinaire en arts de l’UQAC, et ainsi l’encourager à demeurer dans la région.
(Source : www.théâtre100masques.ca)
Organisme sans but lucratif incorporé en 2004, Le TCM a produit, entre autres, Andromaque de Jean Racine, Fin de partie de Samuel Beckett, Les Nuits Blanches de Dostoïevski, Les précieuses ridicules, de Molière et La Serva Amorosa, de Carlo Goldoni et plusieurs œuvres d’auteurs de la région, dont l’actuel directeur général et artistique Dario Larouche.
En 2005, le Théâtre 100 Masques reprend les ateliers de théâtre auprès des jeunes, activités que tenait le Théâtre L’Eau-Vive (issu du théâtre Le Frou-Frou). Les ateliers et camps intensifs tenus par des professionnels de la scène saguenéenne.
«Depuis 2007, la mission du Théâtre 100 Masques consiste à développer un espace de recherche actif axé sur l’exploration de la forme théâtrale et/ou de la théâtralité… En d’autres termes, il s’agit d’un parti pris marqué pour le metteur en scène et le langage de la scène.»
(Source : http://theatre100masques.blogspot.com/)
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