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Le sacerdoce est le don de l'amour du Coeur de Jésus.

Publié le 28 juillet 2009 par Fbruno

Dans la lettre qu'il adresse aux fidèles de l'Opus Dei, Mgr Echevarría les encourage à remercier Dieu pour le don du sacerdoce, car "le sacerdoce est le don de l'amour du Coeur de Jésus".

Très chers, que Jésus garde mes filles et mes fils !

Alors que la fête de saint Josémaria est encore toute récente, mon cœur et mon esprit se tournent vers lui, et je désire avoir recours à son intercession de manière fréquente et avec davantage d'intensité. En réfléchissant à sa personnalité comme prêtre, à la générosité de sa réponse à ce que le Seigneur lui a montré le 2 octobre 1928, nous découvrons une fois de plus l'immense efficacité d'un prêtre saint. Que de fois nous a-t-il dit que les prêtres ne se sauvaient jamais seuls, qu'ils sont toujours accompagnés d'une cohorte d'âmes ! D'où la nécessité pour les chrétiens de prier sans relâche pour la sainteté des ministres du Christ, afin qu'ils ouvrent le chemin du ciel à une foule immense, s'adonnant complètement au ministère qu'ils ont reçu et fidèles à leur vocation.

Ces réflexions reviennent de manière insistante à mon esprit durant ces premières semaines de l'Année sacerdotale, inaugurée par le pape le 19 juin dernier, en la solennité du Sacré Cœur de Jésus. Le souverain pontife disait dans son homélie que s'il est vrai que l'invitation de Jésus, à demeurer dans son amour (Cf. Jn 15, 9) s'adresse à chaque baptisé […], cette invitation retentit avec une plus grande force pour nous autres prêtres, en particulier ce soir, début solennel de l'année sacerdotale que j'ai voulu proclamer à l'occasion du 150° anniversaire de la mort du saint Curé d'Ars. [1]

Saint Jean Marie Vianney, par son immense amour de Dieu et son zèle ardent pour le salut des âmes, est le patron et le modèle des ministres sacrés. J'ai été témoin de l'affection que lui témoignait notre Père lorsque l'occasion s'est présentée à lui de le vénérer à Ars, pour lui confier la sainteté des prêtres et les relations de l'Opus Dei avec les évêques diocésains. Prions-le nous aussi pour ces mêmes intentions au cours des prochains mois.

Le Catéchisme de l'Église Catholique reprend une expression du saint Curé d'Ars, que Benoît XVI a citée ces jours-ci : Le sacerdoce, c'est l'amour du Cœur de Jésus [2]. Quelle grande vérité dans ces paroles ! Et le pape s'exclame : Comment ne pas rappeler avec émotion que c'est directement de ce Cœur qu'a jailli le don de notre ministère sacerdotal ? Comment oublier que nous, les prêtres, sommes consacrés pour servir humblement et avec autorité le sacerdoce commun des fidèles ? Notre mission est une mission indispensable pour l'Église et pour le monde, qui demande une pleine fidélité au Christ et une union incessante avec lui [3].

L'appel au sacerdoce est un don très spécial de Dieu fait à l'humanité pour que les fruits de la Rédemption atteignent les âmes de tous les temps et de tous lieux. Il est normal que notre Père ait accordé une très grande importance à cette considération. L'expression Josémaria, prêtre, prenait sur ses lèvres et sous sa plume une résonance particulière. Le sacerdoce est la plus grande chose au monde, disait-il. Il nous suffit de penser au miracle que suppose le fait de faire venir Jésus tous les jours sur terre. Notre Mère du ciel — nous devons beaucoup l'aimer : seul Dieu est au-dessus d'elle ! — a fait descendre le Seigneur une seule fois : fiat mihi secundum verbum tuum ! (Lc 1, 38) [4] .

En même temps, et c'est évident, à cause de la mission spécifique de l'Opus Dei, notre fondateur estimait grandement la vocation chrétienne des fidèles laïques : ce n'est pas en vain que le Seigneur l'a choisi pour ouvrir dans le monde le chemin de l'Œuvre, chemin de sanctification dans le travail professionnel et dans l'accomplissement des devoirs ordinaires du chrétien [5] . Déjà dans les années trente au siècle dernier, alors que l'on parlait à peine de l'appel universel à la sainteté et à l'apostolat — c'était quelque chose de tout à fait inconnu — saint Josémaria montrait aux personnes qui bénéficiaient de son travail sacerdotal la dignité de la vocation chrétienne, et il les aidait à découvrir les richesses spirituelles contenues dans le baptême. Entre autres, il leur rappelait que tout chrétien, homme ou femme, participe à l'unique sacerdoce du Christ, que tous ont une âme sacerdotale, et que, par conséquent, ils doivent aspirer à la sainteté de toutes leurs forces, comme les prêtres, et développer dans leurs cœurs le zèle pour le salut des âmes.

C'était chez lui un refrain constant, avec des tonalités chaque fois nouvelles, naissant de son âme amoureuse et ce, jusqu'à la fin de sa vie. Le jour même de son départ au ciel, dans une réunion avec ses filles, il le réaffirmait : je vous dirai, comme chaque fois que je viens ici, que vous avez une âme sacerdotale. Vos frères laïcs ont également une âme sacerdotale. Vous pouvez et vous devez aider les gens par cette âme sacerdotale ; et avec la grâce du Seigneur et le sacerdoce ministériel que nous avons, les prêtres de l'Œuvre, nous réaliserons un travail efficace [6] .

Dans ses écrits et dans ses rencontres avec des fidèles des endroits les plus variés, saint Josémaria illustrait cette doctrine par des exemples précis qui encourageaient à faire usage de ce sacerdoce commun. Par exemple, répondant à une question qui lui avait été posée sur ce sujet en 1970, il expliquait : nous participons tous au sacerdoce du Christ. Et je ne vous apprends rien de nouveau, car c'est saint Pierre lui-même qui l'écrit (cf. 1 P 2, 9). Vous avez tous le sacerdoce royal. Moi, en plus, étant prêtre, je possède le sacerdoce ministériel. Et ce sacerdoce royal fait de nous un peuple saint, un peuple choisi, un peuple de Dieu. Tu me comprends ?

Si tu fais partie du peuple de Dieu et de cette race sainte que Dieu s'est choisie, tu devras être un défenseur des droits de Dieu et des droits de l'homme. Tu seras bon avec tous ; et lorsque tu travailleras à un domaine qui t'est peu agréable, tu le feras par amour, par amour de Jésus-Christ, car telle est sa volonté. Et tu le réaliseras aussi en pensant à l'humanité entière. Voilà pour toi quelques conséquences de ce sacerdoce royal dont saint Paul a parlé [7] .

Le Concile Vatican II, parlant des relations entre le sacerdoce ministériel et le sacerdoce commun des fidèles, affirme : « le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel ou hiérarchique, s'ils diffèrent essentiellement et non pas seulement en degré, sont cependant ordonnés l'un à l'autre puisque l'un comme l'autre participe à sa façon de l'unique sacerdoce du Christ. Grâce au pouvoir sacré dont il est investi, le prêtre, ministre du Christ, instruit et gouverne le peuple sacerdotal, accomplit, en qualité de représentant du Christ, le Sacrifice eucharistique et l'offre à Dieu au nom de tout le peuple ; les fidèles, en vertu de leur sacerdoce royal, ont part à l'offrande eucharistique et exercent leur sacerdoce par la réception des sacrements, la prière et l'action de grâces, par le témoignage d'une vie sainte, par l'abnégation et la charité active » [8] .

Le fait de servir les fidèles par leur ministère est propre aux prêtres : c'est leur spécificité ; ils rendent ainsi possible et facilitent l'exercice du sacerdoce commun reçu lors du baptême. D'où la nécessité que nous, les ministres du Christ, répondions de toutes nos forces au si grand don que nous avons reçu. C'est dans ce contexte qu'il nous faut situer l'Année sacerdotale qui vient de commencer.

Pour que l'appel à la sainteté et à l'apostolat pénètre avec toute sa force dans la vie des fidèles laïcs, et pour que cela ne se limite pas à de simples paroles, la tâche du prêtre est indispensable. Lui seul est le maître qui proclame avec une autorité sacrée la Parole de Dieu. Seul le prêtre peut administrer le pardon divin dans le sacrement de la pénitence et diriger les âmes comme le bon pasteur sur les chemins de la vie éternelle. Seul le prêtre a reçu le pouvoir de consacrer le Corps et le Sang du Christ dans la Sainte Messe ; seul lui peut agir en la personne du Christ, de sorte que tous puissent entrer en contact personnel et direct avec le Mystère Pascal et recevoir la sainte communion, aliment indispensable sur le chemin surnaturel des âmes.

Ce sont là des motifs qui doivent nous pousser à prier pour que les prêtres soient fidèles à leur ministère. On dit généralement que les prêtres ont les fidèles qu'ils méritent, et que les fidèles ont aussi les prêtres qu'ils méritent. Nous devons donc élever notre prière quotidienne, en vivant une véritable communion des saints, pour les prêtres et pour les fidèles. Nous devons supplier le Seigneur par notre lutte quotidienne pour la sainteté personnelle, en priant comme cela se fait en Amérique Latine : Seigneur donne-nous de saints prêtres. Cette prière sera toujours nécessaire et actuelle, et nous aurons clair à l'esprit que nous en serons tous les bénéficiaires si nous implorons le Ciel pour la sainteté du clergé. Cette responsabilité quotidienne nous revient à toutes et à tous. Prions-nous ainsi, tous les jours ? Invitons-nous les autres à s'unir aussi à cette supplique ?

C'est avec une immense affection que saint Josémaria s'acquittait de ce devoir ! Pour encourager ceux qui l'écoutaient, ses paroles étaient convaincantes et remplies d'urgence à la fois, toujours mues par la foi en la Communion des saints. Je ne connais pas de mauvais prêtres, disait-il. J'en connais certains qui sont malades, faibles, peut-être lâches, mais mauvais, non ! [9]. Et il disait en une autre occasion :C'est peut-être parce que vous ne les aidez pas suffisamment. Est-ce que vous priez pour les prêtres ? Savez-vous agir comme les bons fils de Noé ? […]. Ayez un peu de compassion, de charité. Ne critiquez pas. Pardonnez, excusez, priez SAINT JOSÉMARIA, Notes prises au cours d'une réunion, 29 octobre 1972..

Mes filles et mes fils, élevons nos prières vers le Ciel pour l'Église pour la sainteté des prêtres et celle du peuple de Dieu, et soyons confiants et optimistes. Prions pour que dans tous les pays augmente le nombre de personnes qui cherchent le Christ, qui fréquentent le Christ, qui aiment le Christ. Ces exhortations du Seigneur : la moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le Maître de la moisson d'envoyer des ouvriers à sa moisson [10], sont toujours actuelles. Notre Père l'a souvent souligné. Au cours d'une méditation prêchée en 1964, il s'exprimait ainsi : lorsque nous pensons, mes enfants, à la soif de vérité qu'il y a dans le monde ; à la noblesse de tant de cœurs qui demeurent dans l'obscurité ; à ma faiblesse et à la vôtre et à celles de tant et tant de personnes, qui n'ont que trop de motifs pour être éblouies par la lumière du Seigneur ; lorsque nous ressentons la nécessité de semer la Bonne Nouvelle du Christ, pour que se réalise cette moisson de vie, cette moisson de fleur, nous nous souvenons, et c'est une chose que nous avons méditée très souvent, de cette marche du Christ affamé sur les chemins de Palestine […].

Jésus vint à passer, un jour de sabbat, à travers des moissons. Ses disciples, ayant faim, se mirent à arracher des épis et à les manger (Mt 12, 1). Eux aussi, comme nous maintenant, devaient considérer le besoin de répandre la Bonne Nouvelle, tandis qu'ils avançaient à travers champs, frottant les épis bien mûrs entre leurs mains et mangeant les grains de bon appétit.

Messis quidem multa. La moisson, la foule des hommes qu'il y avait alors et de ceux qui devaient venir ensuite était grande. Messis quidem multa, operarii autem pauci (Mt 9, 37) : la moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. N'est-ce pas là ce que je vous répète tant de fois, de mille manières différentes ? […]. Il faut se tourner vers le Seigneur : rogate ergo Dominum messis ut mittat operarios in messem suam (Mt 9, 38), priez le Seigneur de la moisson pour qu'il envoie des ouvriers à sa moisson [11].

Mes filles et mes fils, caritas Christi urget nos [12]. L'amour de Jésus-Christ nous presse. Cette considération de saint Paul doit nous toucher au fond du cœur comme elle touchait saint Josémaria. Le Dieu Tout Puissant, dispensateur de toutes les grâces, est épris de chacune et de chacun d'entre nous. Répondons à cette grâce si grande par un amour qui doit grandir jour après jour, convaincus que son appel est toujours nouveau, que c'est la meilleure chose, et qu'il faut y correspondre avec sincérité et avec constance, en ayant le désir que deviennent réelles dans notre vie les paroles de l'Écriture : ecce ego, quia vocasti me [13], me voici, parce que tu m'as appelé. Être chrétien, être fils de Dieu, conscient de ces grâces et de ces vérités, suppose l'exigence d'une générosité sans limites. Oui, nous devons encourager tout le monde à vivre ce que notre Père note dans Chemin : venez avec nous, dans le sillage de l'Amour [14].

D'autre part, Dieu a besoin de nombreux et saints prêtres, afin qu'il puisse y avoir beaucoup de pères et mères de famille, beaucoup de jeunes et de personnes âgées, des personnes de toutes conditions, qui prennent au sérieux la vocation à la sainteté et à l'apostolat reçue lors du baptême. C'est dans ce sens que le souverain pontife a précisé : « Priez le Maître des moissons ». Cela veut dire également : nous ne pouvons pas simplement « produire » des vocations, celles-ci doivent venir de Dieu. Nous ne pouvons pas, comme c'est peut-être le cas pour d'autres professions, à travers une propagande bien ciblée, à travers, pour ainsi dire, des stratégies adaptées, simplement recruter des personnes. L'appel, partant du cœur de Dieu, doit toujours trouver le chemin du cœur de l'homme.

Toutefois, précisément afin que cet appel parvienne au cœur des hommes, notre collaboration est également nécessaire. Le demander au Maître des moissons signifie certainement avant tout prier pour cela, secouer notre cœur et dire : « Fais-le, s'il te plaît ! Réveille les hommes ! Allume en eux l'enthousiasme et la joie pour l'Évangile ! Fais-leur comprendre que c'est le trésor plus précieux que tous les autres trésors, et que celui qui l'a découvert doit le transmettre ! » [15].

J'ai pu tant de fois observer notre Père consumé par le zèle pour les âmes : tout ce qu'il faisait lui semblait encore peu, et il cherchait à en faire davantage, à ne rien voler à la gloire de Dieu et au service des âmes. Est-ce que nous nous comportons ainsi ? Est-ce que nous aimons Dieu d'un amour renouvelé chaque jour ? Enseignons-nous aux autres, par notre conduite, à aimer Dieu ?

J'irai ce mois-ci en Allemagne, à Porto Rico et au Mexique. Accompagnez-moi dans la prière que je pense faire aux pieds de la Vierge de Guadalupe, bien unis à mes intentions, comme nous l'avons tous fait avec notre fondateur lorsqu'il fit un voyage au Mexique en 1970.

Le 7 juillet prochain, nous nous souviendrons du « me voici ! » de don Alvaro, de ce don de lui-même qu'il a ensuite renouvelé tous les jours. Ayons recours à son intercession afin qu'il nous obtienne une fidélité sans faille.

Avec toute mon affection, je vous bénis

Pampelune, le 1er juillet 2009

Mgr Echevarría


[1] BENOÎT XVI, Homélie pour l'ouverture de l'Année sacerdotale, 19 juin 2009.

[2] Cf. Catéchisme de l'Église Catholique, n° 1589.

[3] BENOÎT XVI, Homélie pour l'ouverture de l'Année sacerdotale, 19 juin 2009.

[4] SAINT JOSÉMARIA, Lettre 8 août 1956, n° 17.

[5] Oraison à Saint Josémaria.

[6] SAINT JOSÉMARIA, Notes prises au cours d'une réunion, 26 juin 1975.

[7] SAINT JOSÉMARIA, Notes prises au cours d'une réunion, 21 mai 1970.

[8] CONCILE VATICAN II, Const. dogm. Lumen gentium, n° 10.

[9] SAINT JOSÉMARIA, Notes prises au cours d'une réunion, 19 novembre 1972

[10] Mt 9, 37-38.

[11] SAINT JOSÉMARIA, Notes prises au cours d'une méditation, 26 mars 1964.

[12] 2 Co 5, 14.

[13] 1 S 3, 6.

[14] SAINT JOSÉMARIA, Chemin, n° 790.

[15] BENOÎT XVI, Discours à la cathédrale de Freising, 14 septembre 2006.


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