Lorsque je t'ai vu et à chaque fois que je te revois, je sens une vague déferler en moi. Ton simple souvenir me coupe même parfois le souffle, j'ai mal au thorax, ma respiration s'arrête. J'aperçois toujours au fond de tes yeux une tristesse immense. Je devine tes blessures sans connaitre ton secret. J'ignore qui tu pleures, j'ignore ce que tu fuis, je sens juste ton coeur qui a mal et ne parvient à guérir.
Laisse-moi t'approcher, laisse-moi te serrer, laisse-moi te bercer.
Regarde, j'ai rangé ma haine, mes stratégies de femme, ma langue acerbe et mes griffes pointues. Regarde, j'ai arrêté de tricher, arrêter de mentir, arrêter de faire semblant. Je viens à toi sans fierté, sans défiance.
Fais-moi une place sur le canapé de ta vie, donne-moi une chance, même infime.
J'ai tant envie de te prendre dans mes bras, d'aspirer ta douleur et tes larmes. Vois, je suis sans malice, je ne te ferai pas de mal, jamais. On t'en a trop fait et moi aussi. Tes souffrances trouvent peut-être écho aux miennes, c'est peut-être pour cela que tu hantes chaque heure de chaque nuit, me laissant au matin exsangue et fiévreuse, en rage de ne pouvoir que te rêver sans jamais t'approcher.
Je ne demandrai rien, ne promettrai rien. Je te regarderai de loin. Tes yeux m'affolent, tes paroles me troublent. Qui es-tu, d'où viens-tu, mais surtout que caches-tu ? Dis moi...
Ouvre tes mains, ouvre tes yeux, vois comme je t'attends, calme et sereine, prête pour toi. N'aie plus peur, ni de la vie, ni de moi, ni de mes semblables. J'aimerais être la fin de ton chemin, de ton dur sentier de douleur, qu'enfin s'ouvre la paix et le calme pour toi.
Si tu me donnes ta main, je ne la lâcherais pas, si tu m'offres un morceau de ta vie, je ne te trahirais pas. Je promets de ne jamais t'envahir, ne jamais te haïr, ne jamais en rire. Donne-moi un rêve, un souffle, un instant de toi. Parle-moi de celui que tu étais avant, parle-moi d'elle, de celle qui t'a piétiné, te gâchant ainsi pour les années à venir et pour celles qui croiseraient ton chemin, comme moi, et qui tomberaient pour toi comme on trébuche...
Laisse-moi soigner tes blessures, lécher tes plaies ou les ignorer si c'est ce que tu souhaites. Je laisse ici mes chaînes, je me ferais nouvelle, je te créerai des rêves. Je plongerai mes racines au plus profond des tiennes pour t'aider à t'élever, à te relever, si tu as besoin de croire à nouveau qu'être deux c'est être mieux.
Je ne serai plus créature posséssive, vengeresse assoiffée, vampire exigeante. Ma haine s'est éteinte à ton contact, une autre flamme l'a remplacée.
Viens mon beau, viens mon ange, j'ai compris ma vie, j'ai saisi mes envies. Je te guiderai sur le chemin du bonheur, sans haine et sans attaches car je te veux libre, libéré de cette détresse. Elle résonne à mes oreilles, elle hurle son cri déchirant de toutes ses forces à mes tympans, elle me nargue, elle m'écrase de son mépris. J'ai si mal de te voir ainsi...
Ton image m'habite, jour et nuit, elle me poursuit. Mon esprit te convoque, inlassablement.
Si l'amour est une arme, j'ai peur de m'être laissée touchée, presque consciemment...