À toutes ces
raisons, je répliquais qu’il pourrait arriver par des circonstances
malheureuses, mais surtout par la faiblesse de la nature humaine, qu’il y en
ait plusieurs qui, se voyant repris sans raison, et même avec raison,
abandonneraient le monastère; mais la réponse de ce trésor de sagesse ne se fit
pas attendre : «Une âme, répartit-il, que Jésus-Christ a liée avec son pasteur
par les chaînes de l’amour et de la foi, conservera invariablement cette sainte
union : elle préférerait plutôt répandre tout son sang que de la rompre jamais,
surtout si Dieu s’est servi de lui pour la guérir des plaies que le péché lui
avait faites; car elle se souvient de ce qui est écrit : Ni les anges, ni
les principautés, ni aucune autre créature, ne pourront nous séparer de l’amour
de Dieu, qui est notre Seigneur Jésus-Christ (Rom 8, 38-39); et si cette
âme n’est pas liée, attachée et unie inséparablement avec son directeur, je ne
peux sûrement pas concevoir comment elle peut, d’une manière utile, demeurer
dans un lieu où rien ne la retient qu’une obéissance fausse et trompeuse.»
Certes, il faut avouer que ce grand homme ne se trompait pas, puisque, par les
moyens dont il s’est servi, il a si heureusement dirigé et conduit, offert et
consacré à Jésus-Christ, un grand nombre d’âmes, qui ont été comme des
sacrifices vivants.
saint Jean
Climaque : L'Échelle sainte
«De la bienheureuse
et toujours louable obéissance»