Matière grise

Publié le 31 juillet 2009 par Csp
Il existe dans la vie politique et intellectuelle française une absence notoire de matière grise, plutôt portée à gauche, mais pas spécifiquement. Moi-même j'ai longtemps hésité, tant mon cœur agité fut tiraillé entre des tendances diverses et avariées : Benito ou Léon, Fidel ou le Che, Papounet ou Maximou d'amour ? Les bottes à talon ou la Terreur avec des clous ? La « Démocratie Républicaine » tendance borgne ou la « Démocratie Populaire » tendance facteur ?
J'ai fini par en perdre mon germanopratin tant la porosité idéologique de mes grandes passions dictatoriales s'est installée ces dernières années. Finalement, grâce à un blog exutoire et quelques expériences historiques (au bilan globalement positif) , il n'existe plus de différence fondamentale dans mes passions extrêmes, plus de frontière tranchée, mais au contraire une saine collaboration (comme en 40) : un espace de discussion révolutionnaire m’est apparu, un canal d'échange fusionnel et orgasmique, un continuum flou qui constitue désormais la dimension parallèle qui me sert à imaginer des scénarios érotico-imaginatifs.
Quelques points de détails subsistent, comme travailler assez la souplesse pour réussir ce numéro de contorsions quotidiennes où je dois faire le tour de mon nombril, opération spectaculaire qui se répète à l’envi sur mon autre blog. Ainsi je peux vanter dans un bel élan d'enthousiasme les réussites national-socialistes de Bénito Chavez, tout en me drapant en fonction des circonstances en Républicain Vertueux, bouffeur d'imams à mes heures. Naturellement, je sur-joue un peu trop le respect d'une démocratie populaire & festive pleine de riants lendemains qui chantent. Il faut se mettre dans l'ambiance de la fête de l'Huma pour comprendre, où pétés comme des coings, on s'échange joyeusement des tapes fraternelles sur les fesses.
Entendons-nous bien: il n'y a pas de fusion entre mes différents personnages, mais un jeu de rôles permanent, fondé sur un échangisme coopératif et alterexcitant. Les marqueurs idéologiques qui les séparent sont encore présents chez certains esprits étriqués, et le resteront sans doute malgré la vigueur de nos efforts pédagogiques.
Au fond, nous, au "N"PA, on reste malgré tout attaché à notre territoire à l’odeur puissante, à la couleur de l'uniforme, et circonscrit à une culture marxiste indécrottable coulée dans la jalousie. Et on n'est pas en train de parler de "bloc", mais plutôt de sensibilité et d'identité mouvante.
Or. Vous savez à quel point je cultive mon identité ambigüe, ma différAnce sexuelle et ma démarche chaloupée, puisque seul-e un transgenre nouveau mais sévèrement burné-e pourra montrer la voie aux masses. Notez incidemment que cette identité à géométrie variable autorise de multiples transvasements, des échanges de fluides dans un sens comme dans l'autre. Par exemple si le NPA se donne des couleurs républicaines et une respectabilité électorale, s'il tente par exemple de se repeindre officiellement dans des couleurs "démocratiques" tout en se débarrassant officieusement des éléments les moins extrêmes comme Christian Picquet, eh bien moi, je durcis mon personnage, pour mieux lui ériger une stature en béton destinée à capter l'attention du public.
On parle création. C’est de l’art, en quelque sorte.
Pendant ce temps, l'UMP gauchit son discours sur l'assistanat (RSA, dont le père n'est autre que Martin Hirsch, ancien gauchiste). Et sans l'existence de ce continuum, de cet espace de transition, pas d'élection de Sarkozy.
Simple non ? Pendant que je fais des abdos et que je m'oins en me pignolant sur blogspot, le NPA offre un boulevard à Sarko.
J'assume.
Et à ceux qui seraient tentés de faire le parallèle avec le camp d'en face, on peut leur répondre que leur grille de lecture est absolument pertinente, puisque nos amis les Faf de droite se sont également largement inspirés de nos méthode de sodomie collectiviste. D'autre part, il est vrai que la gauche dure a largement pénétré les rangs de la social-démocratie molle, notamment grâce aux réseaux de détournement de fonds via lesquels nous faisons caisse commune. La passion pour la luxure tisse des liens d'intérêt communs. Julien D., je te vois !
D'ailleurs, constatant que nos intérêts ne divergent en rien, on a décidé de céder au harcèlement sexuel de Mélenchon. Et même de copuler avec lui s'il garantit d'utiliser les bons lubrifiants au patchouli.
Ainsi, le NPA devient une véritable leçon de grammaire :
Je m'oins. Tu t'oins. Mélenchon s'oint. Nous nous oignons d'huiles aux parfums épicés pour mieux nous pénétrer les uns les autres. Ils s'oignent. Vous vous bidonnez.
Et j'assume toujours.
Mais on aurait tort de limiter à la gauche cette absence de matière grise concrétisée par une belle promiscuité idéologique. Tout s'est passé comme si le désir de mélanger nos fluides entre dirigistes avait eu un effet de contamination, et ce jusqu'en direction d'une certaine droite bonapartiste. Finalement, entre Maximou d'amour et Napoléon, la comparaison en termes de boucheries et sévices publics se tient.
Il n'est que de se rappeler les déclarations bienveillantes de Sarko à propos de Besancenot, il n'est que de se souvenir d'un Jacques Chirac proférant sans honte que le "le libéralisme serait aussi désastreux que le communisme" en 2005, pour mieux dédouaner le second de ses crimes.

Au final, nous avons donc : la gauche "pique" des idées à son extrême en les édulcorant un peu ; la "droite" (celle qui trahit ses électeurs) court après la gauche en tentant de lui faire pièce sur l'"ultralibéralisme" et la "redistribution nécessaire" ; à la fin, c'est tout le champ politique qui se retrouve infecté, à des degrés divers certes, mais néanmoins, le mal est dans la place, et c'est tout un camp qui finit par être séduit par le charme de l'homme providentiel: Maximou d'amour et son "Comité de Salut Public", ou Benito Chavez et son émission "Alo Presidente" !
Mais sinon Sarko ça me va aussi. Ma vie ne serait rien sans lui.
Quelque part, je lui dois tout.

La matière grise qui manque à la vie politique et intellectuelle française, c'est cet espace de circulation et de copulation idéologique qui permet de reprendre les idées de sinistres crapules ayant lamentablement échoué.
C'est cet espace de discours qui permet à des comédiens et folliculaires ratés de débander dans la décontraction. En reprenant sans vergogne la rhétorique, les mimiques et la gestuelle des mêmes clowns autoritaires.
Ce mimétisme me permet aussi de tenir des discours islamophobes sous couvert de lutter contre l'obscurantisme, tout en me réclamant de ces valeurs républicaines que je veux renverser par ailleurs. Logique.
C'est dans ce milieu interlope que se meuvent les chacals comme le cuistre Onfray, l'étudiante soumise Caroline Fourest, le national-jacobin Mélenchon, la fine équipe ringarde de Charlie Hebdo, le dessinateur de croix gammées Siné, sans oublier le chansonnier Philippe Val, toujours couché lui aussi, dont le talent de collabo n'est plus à démontrer. Et tant d'autres, qui jurent la main sur le cœur que eux, jamais au grand jamais il ne tremperont le moindre orteil dans les sévices publics. Quelle bande de chochottes! Et de l'autre côté, on trouve Ségolène Royal, Nicolas Dupont-Aignan, Nicolas Sarkozy, Jean-Louis Borloo, Nathalie Kosciusko-Morizet, Alain Juppé, et d'autres, tant d'autres qui jurent eux aussi la main sur le coeur que jamais au grand jamais il ne tremperont le moindre orteil dans le vilain communisme et combattront l'hydre rouge de toute la force de leurs petits bras... et en fustigeant juste après le capitalisme libéral mondialisé et le danger du fascisme qui nous envahit de partout, ma bonne dame.
Un tas de mauviettes efféminées, qui n'ont pas le courage d'aller au bout de leurs idées. Tandis que moi, avec l'audace qui me caractérise, j'ose tous les rôles, essaye toutes les positions.
Même en solitaire.

Surtout en solitaire.


Mais non, Butch, c'est pas pour toi que je dis ça. Mais bon.


Tes mycoses, ça va au fait ? Mmh ? Non ?


Bisous.


Reprenons.
En tout cas ce n'est pas la matière fécale qui manque dans le contexte actuel.
Vous me connaissez:"Je ne suis pas scatophile a priori, Mais..."
Remarquons que cette abondance de matière fécale n'est pas une force politique en tant que telle, c'est un climat idéologique qui légitime et encourage l'injustifiable. Et grâce aux gens qui se meuvent là-dedans, on a un gros problème de collectivisme de masse sur les bras.