Consultons donc la Sagesse de Dieu, elle se trouve même
dans des vases d’argile; c’est ce qui doit nous frapper du plus grand
étonnement. C’est la résolution que me fit prendre la conduite de quelques
jeunes religieux, car j’étais hors de moi-même, en voyant avec quelle vivacité
de foi, avec quelle constance, avec quelle patience et quelle force d’âme ils
souffraient d’être repris, mortifiés et méprisés, non seulement par leur
supérieur, mais encore par des frères qui étaient bien au-dessous de lui. Il y
avait dans le monastère un frère qui fixait mes regards d’une manière toute
particulière; il s’appelait Abbacyre, et il y avait déjà passé quinze ans. Or,
je m’aperçus qu’il était presque partout maltraité par tous les moines, et
qu’il n’y avait pas de jour où ceux qui servaient à table ne le chassassent du
réfectoire, parce qu’il était naturellement porté à parler. Je cherchai
l’occasion de lui parler; et l’ayant rencontrée, je lui demandai instamment de
me dire pour quelles raisons on le chassait ainsi du réfectoire, et qu’on
l’envoyait dormir, sans avoir rien mangé à souper.