2 Aout

Publié le 02 août 2009 par Lephauste

Sur la table où d'ordinaire j'étalais les cartes afin d'en lire les frontières peu à peu détourées, plus rien n'est resté en place. Une lame d'éclats de miroir brisé, remontant des tréfonds a surgit et telle une muraille d'eaux noircies d'encre s'est abattue sur le pont sous lequel je vivais. Me restait plus alors qu'à quitter le bord. Ce que j'ai fait; Et me voici, dérivant sous les étoiles dont plus aucune ne se laisse saisir, entre les os d'une mer morte. Tantôt ma tête émerge et j'en profite pour jeter un oeil aux horizons probables de l'échouage. Mais d'yeux je n'en ai que deux alors j'évite les énucléations, je ferme les paupières et parfois préfère le limon gras des rêves, à la réalité salée de la saumure, dans laquelle je me conserve assez mal. Tantôt je plonge, oh comme je plonge ! Long trait d'humanité filant entre les créatures de l'autre monde, à la vitesse de la pierre achevée. Mais pas de fond, non pas de fond, alors le flot me remonte. Et dans un sac d'écume je me retrouve épongé. Rincé, lessivé, sel gemme scintillant au couchant, au levant sorte de méduse dérivant entre les corps des émargés.

- Oh maman, regarde ! On dirait un ... Laisse ma chérie, si ça se trouve c'est même pas vacciné. Va vite te laver les mains, que nous passions à table.

Naufragé consentant, sur la table où d'ordinaire je posais deux verres, une bouteille et quelques mots d'amour, en guise de repères sur les cartes marines, plus rien n'est resté que la lune liquide d'après que l'on se soit souhaité tout le bonheur du monde. Cette lune sous laquelle une mer d'huile roule et où je tente encore l'illusion du ricochet.