Magazine Humeur
Totally Sue Ellen
Publié le 03 août 2009 par VinshJe mène une vie intellectuelle de fou, depuis que je vis à Paris, mes enfants, tu aurais du mal à le croire si tu voyais à quel point mes journées sont intello.
Si je n’ai pas écrit sur ce bloug depuis genre cinq jours (ça va, hein, t’as vu le niveau de productivité de la blogosphère) (et pis on est en août, bordel) (même si, perso, j’ai l’impression d’être en août depuis genre 3 semaines), c’est parce que j’étais en mode gueule de bois tous les jours.
Ouais.
Tous les jours.
Je suis très mal entouré, en somme : tous les soirs j’avais du guet-apens alcoolisé organisé en réunion. Limite Sue Ellen elle passe pour une icône de sobriété à côté de moi : ma consommation liquide sans alcool depuis mercredi dernier, c’est l’équivalent de trois verres. Tout le reste, c’est de la vodka, du champagne ou des trucs qu’on boit en fin de soirée mais dont on ne se souvient plus trop le lendemain parce que c’était la fin de soirée et qu’on n’attachait pas trop d’importance à ce qu’on buvait alors.
Gné ?
Alcoolique ? Pffff, n’importe quoi. Si tu me connais en vrai (dans le cas contraire, ta bouche), tu sais que je suis un moine (mais avec une vie sexuelle, une coiffure humaine et un mode de vie à peu près aussi pieux que Cathy Guetta). Nan, ce sont juste les circonstances qui ne m’ont pas aidé, voila tout.
Au passage, les Bains Douches, c’est un peu nul, quand même.
Tout ça pour dire quoi ?
Euh, bah que j’ai une vie culturelle, quand même. Puisqu’hier je suis allé cuver devant Totally Spies ! Le film.
…
J’ai entendu les rires au fond de la salle, bande de vilains ! Princesse Pue-du-Cul, tu me recopieras cent fois "J’aurais bien tort de me moquer des Totally Spies alors que je suis un peu Clover dans ma tête et dans mon brushing".
Bon, et donc, le film, kézaco ?
Alors c’est l’histoire de la genèse des Totally Spies, comment trois lycéennes de Beverly Hills tout juste débarquées de leur cambrousse bouseuse vont devenir espionnes (en fait, pas de mystère, hein, elles ont été choisies depuis leur enfance parce qu’elles avaient un sioupeur potentiel) (merci pour la révélation, dis donc).
La série de base raconte leurs aventures, dans un format assez court d’épisode (15 ou 20 minutes, à vue de nez), et c’est absolument culte : Sam, Alex et Clover, avec leurs prénoms de mecs, sont surtout trois grosses gourdasses hystériques qui ne s’intéressent qu’aux garçons, aux fringues et aux chaussures. Normal, elles ont genre 16 ans, et pis ce sont des filles hein : c’est forcément hystéro, une fille. Outre le côté un peu dérangeant de ce constat, c’est surtout un des dessins animés pour mômes les plus drôles que la télé nous ait infligés ces dernières années. Et après les années erratiques post-Club Dorothée (Pokemon, Pepper Ann et autres machins pas très rigolos), et bien ce petit condensé de fillasseries a quelque chose de très frais. De méchants grotesques en répliques bitchy, les Totally Spies ont réussi à me faire marrer alors que je ne les ai connues qu’après le bac, ce qui est déjà pas si mal, vu que pour me faire rire, ordinairement, il faut me montrer des petits animaux qui meurent.
(lycéennes 2009 = morues industrielles lyophilisées ?) (ah non, pardon, ici, c'est le message subtil de la standardisation du look)
Donc, si je suis un peu inquiet de savoir que des gamines de cinq ans rêvent de la vie complètement creuse de Sam, Alex et Clover, je me rassure en me disant qu’elles finiront par avoir assez de recul pour se rendre compte du côté culte de la drôlissime série qui aura bercé leurs rêves de gamines.
Après tout, nous autres nés dans les années 80, quand on était gamins, on croyait que le lycée ça allait se passer façon Beverly Hills (fashion et problèmes familiaux), façon Hartley Cœurs à Vif (en mode je vis dans un hangar avec mes potes et je taggue les murs pendant la récré) (mais bien sûr) ou façon Buffy (les losers contre les populaires, sur fond de guerre contre le mal).
Finalement, pour nous aussi, la réalité du lycée fut décevante. Alors je dis prout aux gamins et gamines de 2009 : au moins, ils auront rigolé avant l’âge de huit ans de la vacuité d’une grognasse au lycée. Quelle maturité !
…
Ouais, bon, et le film ? Bon, bah je dois quand même le dire : c’est une merde.
Là où le format court (ainsi que le petit écran TV) est supportable, se fader 1h30 de cris hystériques sur écran géant avec une marmaille bruyante dans la salle est déjà beaucoup moins drôle. L’expérience Totally Spies est beaucoup plus épanouissante dans un studio d’étudiant qui sèche son cours d’économie, laisse-moi te le dire.
Mais à la limite, le problème n’est même pas là. Pour une intrigue d’une heure et demie, on aurait pu imaginer que les "scénaristes" (qui ont quand même un peu un boulot de rêve, je dois dire) se fouleraient un minimum, en proposant une intrigue un peu plus riche, des gags plus poussés, des clins d’œil dirigés vers la partie adulte du public (parce que OUI, il y a des fans adultes) (un peu) (bon, ok, y’a que moi) (ou plutôt, y’avait que moi).
Mais il n’en est rien : c’est juste un épisode, mais en plus long. Et ça fait vraiment très long. Il y a la première partie qui présente les personnages et leur recrutement, puis une mission classique, avec l’enquête foireuse, les gadgets débiles, et le méchant qui veut dominer/détruire le monde sous un fallacieux prétexte teinté de fashion, yeah baby. Mais bon, dans tout ça, rien d’extraordinairement drôle ni de particulièrement original, qu’on ne trouverait pas dans un épisode lambda du mercredi matin.
Dommage que personne n’ait songé à donner à Karl Lagerfeld (qui double le méchant Fabu) quelques répliques bien méchantes, car cela m’aurait suffi. Mais non, on est juste un peu gêné, une fois qu'on a reconnu sa voix, de constater qu'il ne s'est pas vraiment prêté à l'exercice avec plaisir, et surtout de n'entendre aucune réplique piquante. Le guest survendu mais qui sert à rien, en somme.
Nan, vraiment, n’y allez pas, se regarder un épisode gratuitement sur Yout*be est moins long, moins fatiguant (en termes d’exposition à des couleurs criardes et à des voix de grognasses hystéro)… et surtout moins coûteux.