Zoom sur Locarno 2009

Publié le 03 août 2009 par Jlk

 

Dès ce mercredi 5 août, jusqu'au samedi 15, le cœur de Locarno battra à l’unisson des cinématographies du monde. Frédéric Maire, directeur artistique pour la quatrième et dernière fois, lève le voile sur la 62e édition.

- Avez-vous tenu à marquer votre quatrième et dernière édition d’une touche personnelle particulière ?

- Disons que, moins que sur les précédentes, j’aurai droit cette fois à l’erreur. Pourtant mes choix, qui sont aussi ceux d’une équipe, restent pareils : pas de frontières entre les diverses tendances du cinéma actuel, expérimental ou plus classique ; ouverture au monde, ouverture à tous les publics, tout en pariant sur la découverte. Ainsi je me réjouis d’accueillir l’iconoclaste Pippo Delbono en hôte d’honneur, notamment avec La Paura, un film tourné entièrement avec un téléphone portable et qui propose un formidable portrait de l’Italie actuelle. Dans un genre moins radical, proche du polar, nous sommes également contents d’accueillir en compétition internationale le jeune réalisateur romand Frédéric Mermoud, avec le portrait de société que propose son premier long métrage, intitulé Complices et retraçant la trajectoire d’un garçon de 18 ans mort dans des circonstances dramatiques.

- Quels thèmes se dégagent-ils de la cuvée 2009 ?

- À l’évidence, et tous pays confondus, les problèmes liés à l’appartenance et à l’identité, en relation avec les migrations et l’immigration, sont omniprésents. De même, la préoccupation « verte » est lancinante, et bien plus qu’idéologique : ancrée dans la réalité. Le dernier film des frères Arnaud et Jean-Marie Larrieu, Les derniers jours du monde, en donnera un aperçu apocalyptique. Ce qui me frappe, en outre, est l’explosion des genres et des formes du cinéma, où les liens transversaux entre cinéma et théâtre, arts plastiques et musiques de toute sorte se multiplient.

- Quoi de saillant sur la Piazza Grande ?-  

Le programme en est très éclectique, avec un retour du drame historique. Très intéressant : un film allemand montrant des paysans de Westphalie qui planquent des Juifs pendant la guerre. Et la Suisse y sera bien présente, notamment avec le dernier film de Christoph Schaub, Julias Verschwinden, avc Corinna Harfouch, sur un scénario du best seller alémanique Martin Suter.

- Les mangas déboulent en force. Vous visez le public jeune ?

- Pas seulement. C’est un projet global, incluant une septantaine de films, qui tend à corriger l’image « infamante » toujours collée au genre par les plus de quarante ans… Or il s’agit d’un univers d’une richesse infinie, certes marquée par la violence, à l’image de notre monde – la bombe atomique y est évidemment pour quelque chose –, mais qui contient des trésors d’invention et qui a beaucoup influencé, aussi, la création occidentale.

- Comment percevez-vous, enfin, l’avenir du Festival de Locarno ?

- Pour l’instant, le festival se porte plutôt bien. Son image dans le monde s’est améliorée, autant que le rendez-vous s’est popularisé en Suisse et draine de plus en plus de jeunes visiteurs. Actuellement, les hôtels ont fait le plein et nous n’avons pas encore vraiment senti passer la crise, à quelques signes près du côté des sponsors, mais les signaux sont plus inquiétants à terme, comme on l’a vu au Festival de Berlin qui a perdu son sponsor principal.

- Une innovation particulière à signaler ?

- Ah oui : l’ouverture d’un abri anti-atomique ( !) à Ascona, destiné à héberger les festivaliers à petit budget, à raison de 25 francs la nuit…

 Premiers «incontournables» de l’édition 2009

Pré-première en fanfare. Ce mardi 4 août, sur la Piazza Grande, projection gratuite de Marching Band, documentaire co-réalisé par Claude Miller, Héléna Cotinier et Pierre-Nicolas Durand, consacré à la dernière campagne élecorale américaine vécue en première ligne par deux fanfares universitaires de l'Etat de Virginie. Un portrait de la jeunesse américaine qui a contribué à l'élection de Barack Obama. Mardi 4 août, 21h.30.

● Vitus en concert. À l'occasion de la célébration du Centenaire de la musique de film, un concert a été mise sur pied à la FEVI avec le jeune pianiste Teo Gheorgiu, acteur principal du mémorable Vitus, de Fredi M. Murer, devenu concertiste de classe internationale.  Après la projection du film: concerto pour piano de Schumann. FEVI, Mercredi 5 août, 17h.

● Soirée d'ouverture. Premier film à découvrir sur la Piazza Grande : (500) Days of Summer, du réalisateur américain Marc Webb. Casting ultra-glamour (Joseph Gordon-Lewitt et Zoeey Deschanel) pour une comédie romantique visant le grand public. En fin de soirée, après le spectacle présenté en Avignon cet été, Amos Gitaï présentera la version cinéma de La guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, avec Jeanne Moreau, déjà présente l’an dernier sur la Piazza avec Plus tard tu comprendras du même réalisatur israélien. Piazza Grande, mercredi 5 août, 21h.

● Pippo Delbono invité d’honneur. Le célèbre comédien, auteur et metteur en scène de théâtre italien Pippo Delbono présentera l’ensemble de son oeuvre cinématographique, dont plusieurs films inédits. Parmi eux sera dévoilé son dernier long métrage, La Paura, co-produit par le Forum des Images, entièrement tourné avec un téléphone portable. FEVI, le 9 août à 16h15 et le 10 août à 9h, Otello, le 11 août à 18h.15

● Rencontre avec Wajda. Réjouissante nouvelle de dernière heure : la mise sur pied d’une soirée spéciale consacrée au grand réalisateur polonais Andrzej Wajda (Kanal, Cendres et diamant, L’Homme de marbre, L’Homme de fer, Danton) qui présentera lui-même ses deux dernier longs métrage, Katyn et Tataraka. La Sala, lundi 10 août, à 20h.30.

(À suivre...)

   

Festival international du film de Locarno, du 5 au 15 août. http://www.pardo.ch 

Renseignements quotidiens dans l’incontournable journal du festival, gratuit.

JLK publiera chaque jour des aperçus du festival, des films vus, de ses rencontres, ainsi que sa chronique Hors Champ, sur son blog de 24 Heures (http://leopard.blog.24heures.ch/), ainsi que d'autres échos sur ce ce blog et sur Facebook.