Mercredi : raviolis ? Non ! Roman 2ème partie !

Publié le 05 août 2009 par Jess_kelig

Vous avez raté le début ? Revenez à l'article : "About A Girl, le roman c'est parti"
 

Ce soir-là, je ne prononçais aucun mot. Mes parents s'interrogèrent quand à mon mutisme et mon manque d'appétit. Je me réfugiais dans ma chambre et n'en sortais plus.

Il ne fallut pas longtemps à mon père pour découvrir ce qui se tramait en son absence. La confrontation entre mes parents éclata, violente et radicale. Mon père claqua la porte de la maison et ma mère partit s'enfermer dans la chambre. Il ne revint pas ce soir là. Le lendemain, ses valises étaient devant la porte. Il était passé récupérer ses affaires et c'est lui qui eut le courage de m'annoncer la nouvelle. Ils divorçaient. Plus question qu'ils vivent ensemble à présent. Je le vis s'accroupir près de moi et me prendre affectueusement dans ses bras. Il s'écarta et me regarda, prévenant, guettant ma réaction, s'attendant sûrement à ce que je l'interroge sur la raison qui le poussait à partir. Je n'en fis rien. Je n'avais pu oublier ces images qui continuaient à me hanter, et elles refirent surface à ce moment précis. Le lien était évident. Je rougis et baissais mes yeux qui se fixèrent sur le plancher de notre salle à manger. Ma réaction, mon silence, durent être plus qu'éloquents. Ce que je lu dans les yeux de mon père à l'instant même où je relevais mon visage, serait impossible à décrire. Il avait compris. Il prit la direction de ma chambre d'où il ressortit quelques minutes plus tard, muni d'un sac duquel sortait ma peluche préférée. Il m'attrapa fermement la main et m'entraîna dans la voiture où il m'enferma, m'ordonnant de l'attendre et de ne sortir sous aucun prétexte. J'obéissais sans me poser plus de questions. Il retourna à l'intérieur et la porte claqua à sa suite. J'entendis des cris. Je ne parvenais pas à tout saisir, et il faut l'avouer, je ne m'y intéressais guère, comme à chaque fois que j'avais ma petite console de jeu entre les mains, précaution qu'avait pris mon père pour me distraire. Il réapparut soudain dans l'embrasure de la porte et hâta le pas jusqu'à moi. Il s'installa au volant et démarra. Maman avait accouru sur le pas de la porte, pleurant, criant à mon père de rester, de me laisser, jurant qu'elle ne savait pas que j'avais tout vu, s'effondrant sur le sol en pleine détresse au moment où la voiture quittait notre allée. C'est la dernière fois que je la vis. C'est l'ultime image que j'ai conservé d'elle.

Mon père loua une petite maison dans une autre ville. Il s'occupait de moi du mieux qu'il le pouvait, m'assurant toujours confort et qualité de vie, tentant d'être à mon écoute et d'humeur égale. Je le voyais pourtant se renfermer de plus en plus, et parler de moins en moins. 

Les années passèrent et je pris conscience réellement du ravage qu'avait provoqué le divorce chez lui. J'avais appris, du moins compris par moi-même, la raison de leur séparation. Je n'avais aucune nouvelle de ma mère et je n'en souhaitais aucune. Je lui en voulais du mal qu'elle nous avait fait et surtout, d'avoir détruit ainsi mon père. Il s'était mis à boire. Au début, c'était occasionnel. Puis il passa à plusieurs verres par soir. Finalement, je ne comptais plus en verres mais en bouteilles. Il perdit son emploi. Il savait pourquoi et constater sa déchéance le rendait encore plus triste. Et plus il était triste, plus il buvait. A dix-sept ans, j'avais pris les choses en main. Les rôles s'étaient inversés, c'est moi qui m’occupais de lui. Je gérais la maison, les corvées, les factures, les aides, ... J'ai du me débrouiller seule très vite. La boisson ne le rendit jamais violent, elle lui infligeait une dose de peine supplémentaire et je le voyais partir avec sa bouteille dans sa chambre, où je l'entendais pleurer, cachant ce spectacle à mon regard.

Partie 3 mercredi prochain ! J'attends vos commentaires ;-)