Si clair

Publié le 05 août 2009 par Csp
- (Butch) : ...et c'est ça qui est passionnant, c'est la rencontre avec l'Autre, la découverte de ses mondes à lui et le partage, l'échange, l'ouverture qui permet de sortir des ses propres présupposés et qui remet en question ses propres certitudes, dans un échange des cultures qui interroge sur soi et sur son propre monde pour accepter de vaciller et de ne pas se raccrocher à ce qu'on pense être soi mais être dans un doute permanent sur ce qu'on pense être vrai. Tu vois ?
- (Thierry) : Sgronf.
- ...sgronf, quoi ?
- Non, je ne vois pas. J'ai décroché à partir de pré-suppositoire.
- Mais alors pourquoi tu sors dans les bars, les vernissages, tu es souvent dehors en plus, heu je pige pas la démarche, là ???
- Je fais le beau.
- Le beau ? Sois sérieux ! Tu peux pas te lancer dans des défis pareils !
- Heu, mouais, disons que quand je sors, je suis dans une démarche avec une idée précise en tête. La démarche, d'abord : chaloupée. Et l'idée, ensuite : une. N'importe laquelle, peu importe, c'est l'effort qui compte. C'est dur, de nos jours, d'avoir des idées.
- Ouais. Et réellement, en fait, pour de vrai, tu sors dans la rue avec ta démarche chaloupée pourquoi ?
- Bah lever de la belette, bien sûr ! Faire rire femmes. Prendre numéro de téléphone. Revoir femmes. Tenter d'aboutir à interaction sexuelle avec femmes. Echouer. Rentrer en pleurant. Te retrouver. Te cogner. Puis assouvir mes pulsions sur toi.
- C'est tout ?!!??
- Ben quoi ? C'est déjà pas mal.
- Et tu ne sors que pour ça ? Qu'avec cette idée en tête ?
- Oui.
- Remarque, je m'en doutais. Dans les spectacles, tu tiens régulièrement les programmes à l'envers. Aux vernissages, ton verre est plein de liquides différents toutes les cinq minutes et ta capacité de concentration, déjà faible quand tu es sobre, diminue très vite.
- La concentration, je ne la connais que sous forme de camps. C'est comme ça.
- C'est...bon, enfin, c'est quelque chose que je ne comprends pas. Ce n'est pas moi, ce n'est pas ma logique de voir, de faire, je ne suis pas aussi...basique. Quel rustre, décidément...
- Allez, fais pas cette tête. Tu sais bien que je suis gentil. Au fond.
- Bof. Pour le moment, tu n'as pas réussi à convaincre grand monde. Et plus on creuse, plus on se rend compte que sous tes dehors d'ours mal léché sommeil un gros fumier. Attention, hein, tu occupes agréablement le volume sonore d'une pièce avec tes péroraisons staliniennes, on aime beaucoup se fendre la pipe à te voir te débattre, entre l'exagération et la fuite en avant, tu as des tonnes de choses comiques à dire, mais tu n'es pas gentil, ça non. Asymptotique à l'humour volontaire, peut-être. Tu pousses à la réflexion, disons. Dans le mode psychiatrique, quoi.
- Hi hi hi.
- Et le pire, c'est que tu le sais mais que tu n'arrives pas à l'assumer. C'est d'ailleurs amusant comme tu le remets sur le tapis sans arrêt, dans nos "conversations", sur ton "blog". En fait, tu es tellement narcissique que tu ne t'intéresses qu'à toi. Tu n'es pas collectiviste pour rien : comme la presque totalité d'entre eux, tu es égoïste et aigri... Et comme tu ne veux pas suivre une thérapie, tu ne guéris pas. Donc, tu niques pas. Donc tu me cognes et tu continues à mener une vie morne... Un loser très concentré sur lui, en somme.
- Je sais.
- Et ça ne te pose ni problème ni question ?
- Sur mon autre blog, évidemment, j'assume totalement la bestialité latente qui s'exprime parfois quand je te cogne. Je me la joue détaché. Je joue la caricature, en prétendant ressentir des émotions quasi-humaines, tout ça... Mais bon. On est ici, toi et moi, et on ne peut pas trop se leurrer. Evidemment, je suis un déficient comme un autre, mais depuis longtemps muré dans mon petit monde de haines faciles. Côté pile, je fais le dur en bandant mes gros bras, peu ouvert aux sentiments bien que m'en défendant farouchement - n'ais-je pas écrit que je fondais en larme devant des photos de bébé phoque ? - côté face, évidemment, je refuse qu'on me fasse tomber dans les cases du type banal, en proie à ses petits tourments et qui doit passer par un blog (et sa copie décryptante) pour exposer ses turpitudes. Pétri de mes contradictions impossibles à ordonner calmement, j'oscille perpétuellement entre vouloir montrer que je ne suis pas une brute épaisse, et me réfugier dans un J'Assume en carton dès qu'on me le renvoie à la tête, en singeant l'intello cultivé qui cogne avec des sentiments, histoire de brouiller les pistes. La fuite en avant ou le déguisement, c'est selon mon humeur. Ca donne des discours paradoxaux dans lesquels d'un côté je dis, sans pouffer "Cette dictature du sentiment et de l'émotion à tout prix est assommante, à la fin." , reprochant à un système anonyme et complexe qu'on puisse me demander d'exprimer des sentiments, et de l'autre côté, je fais tout un billet pour, précisément, exprimer mes sentiments et m'épencher dans un exhibitionnisme ambigu. C'est pathéthique, non ?

- OK. On va passer à autre chose, alors, et allez, allons au cinéma. D'accord ?
- J'en ai les fesses qui me démangent d'avance.
- Plaît-il ?
- Ah, c'est vrai, tu n'es pas initié. Je t'expliquerai.