Il avait bien raison; car les pères se mirent à raconter
quelques excellentes actions de ce saint homme, et, entre autres, qu’un jour
l’abbé avait bien mis à l’épreuve sa patience toute céleste. Voici le fait :
Revenant un soir du dehors, il était allé se prosterner aux pieds de l’abbé,
afin de lui demander, selon l’usage, qu’il lui donnât sa bénédiction; mais
l’abbé le laissa ainsi prosterné jusqu’à l’heure de l’office, et alors il le
bénit et lui permit de se relever. Après quoi il lui fit des reproches très
sévères sur son ostentation, sa vanité et son peu de douceur et de patience. Or
l’abbé ne se conduisit de la sorte que parce qu’il savait avec combien de
courage et de générosité ce saint vieillard souffrirait cette humiliante
mortification, et combien son exemple servirait à l’édification des autres.
C’est ce que m’assura en particulier un des disciples de ce saint moine, et il
m’ajouta que, lui ayant demandé un jour avec beaucoup d’instance de lui dire
si, pendant qu’il était ainsi prosterné aux pieds de l’abbé, il ne s’était pas
laissé aller au sommeil, il lui avait répondu naïvement que non, mais qu’il
avait récité tout le psautier.
saint Jean Climaque : L'Échelle sainte
«De la
bienheureuse et toujours louable obéissance»