Je n’ai plus les mots.
Je ne bouge plus, je fais statue.
Pour la première fois j'entends le bruit du vent dans les feuilles de l'arbre.
J'ai déjà trop d'années, manquées.
J'ouvre mes yeux, je fixe tout le jour et ce qui peut tomber du ciel.
Je dispose enfin...de moi-même.
Sur la branche un oiseau, petit et noir.
Peut-être un merle.
Je n’ai plus les mots.
Tu as fais ça…ôter le son de ma voix.
Je m'endors, et je bascule dans ce qui serait le vide.
Et je suis neutre.
Mes yeux sont fermés alors.
Je comprends ça…l'oubli de soi.
Dès l’aube il y a tout ce que je refuse de voir.
Alors je ne bouge plus, je fais statue.
Je pense magique :
Si le merle s'envole, je rentre, je m'assois sur le banc près de toi, je te dis comme je t'aime et plus jamais d'eaux troubles dans nos vies au goût amer.
Oui mais si le merle ne s'envole pas?
Alors, je saute, sans filet.
Je faisais ça petite fille, je fais ça toujours aujourd'hui...
Je n’ai plus les mots, ils ont foutu le camp de moi.
J'ai peur encore. J'aurai peur toujours.
J'ai des remords.
Il n'y a rien qui soit comme c’était écrit sur le mur.
Celui en face de la bergerie, et le loup se planquait dans le petit bois.
J'avais embelli le truc, c'est vrai.
Les petites filles font cela.
C'est dans les contes, à la fin...
…Que la vie un jour nous comble.
Qui sait où ça nous mène ?
Si le merle s'envole, je courre après lui...
S'il tombe, rien. Je me roule en boule au pied de l'arbre, et je dors.
Mes yeux se ferment.
Tout le monde ment, un jour.
Inutile de s'en rajouter.
Alors je ne bouge plus, je fais statue.
Je n’ai plus que ça.