Magazine Humeur

Le bruit du temps qui passe…

Publié le 07 août 2009 par Droledeprincesse

La lecture fait partie des plaisirs de cet été…

Me délectant par avance, j’ai choisi avec soin quelques livres triés sur le volet dans une librairie très parisienne où j’aime flâner seule.

Elue parmi quelques autres, Madeleine d’Amanda Stherns a ouvert ce bal estival. La couverture résume à elle seule le contenu de ce roman gorgé d’air marin breton, mélange de mélancolie, de solitude glauque et de souffle de liberté.

Madeleine est seule, solitaire et terriblement silencieuse. Elle n’attend rien alors, durant longtemps, il ne se passe rien.

“Le soir, Madeleine mange seule comme les autres soirs. Elle cuisine au beurre puis regarde la télé. Elle vit seule mais elle ne s’est jamais assise au milieu du canapé. Toujours laisser une place à l’espoir du cul d’un homme près du sien. Elle était prête à tout : à céder le contrôle de la télécommande, à soigner ses dessous, à faire de la couture. Personne ne le lui a jamais demandé.”

Madeleine

“Madeleine se couche tôt le soir. Elle replie les draps sur elle. Elle est à droite dans le grand lit, le coussin près du sien est neuf et moelleux. Elle caresse les draps, elle les lisse bien. Elle dégage ses cheveux derrière les oreilles.

Le temps semble fondre, vaincu par les habitudes et les non-événements. Il n’avance que pour rythmer une animalité. Les repas. Le coucher. Mais il ne passe pas vraiment pour Madeleine qui n’attend rien et que le temps risque d’oublier. Déjà morte dans sa vie sans remous. En terre sous ses draps.”

Madeleine en oublie même que vivre, c’est aussi respirer.

“Pendant longtemps, Madeleine a dû penser à respirer, ça ne lui venait plus naturellement.
Lorsqu’elle était concentrée sur une idée, elle pouvait ne pas respirer pendant une quarantaine de secondes puis l’air venait à  lui manquer, alors elle ouvrait grand la bouche. Ca lui donnait des vertiges, comme quand on se lève soudain.”

Madeleine n’attend rien. Elle n’aspire à rien d’autre qu’à cette vie sans relief sans laquelle elle se vautre en silence. Alors, jusqu’à ses 40 ans, rien ne vient perturber ce métronome parfaitement huilé. Rien ne se passe avant l’arrivée d’un homme de passage qui ne fera également que passer furtivement dans sa vie.

Aors, sous ses airs de Bretonne coincée et figée dans le temps, la Madeleine s’aventure dans une histoire d’amour qui la dépasse, la submerge avant de la libérer pour de bon d’une vie qu’elle aura passé son temps à subir et à regarder s’écouler sans prise.

La conclusion résume l’effet de cet homme de cœur improbable qui “aura traversé sa vie comme on traverse un couloir”.
Madeleine résume laconique : “Le visage de Castellot laissait peu à peu de la place. Il était beau mais lointain désormais (…) On nous voit et puis plus. On partage sa peau pour un moment qui se sauve. Voilà.”

Voilà oui…


Retour à La Une de Logo Paperblog