2:Just an illusion

Publié le 07 août 2009 par Willb77


L’aéroport de Milan est une fourmilière où s’élancent des milliers de libellules bariolées aux couleurs des compagnies d’aviation.

Un joyeux désordre semble régner dans les couloirs fléchés mais là encore, ce n’est qu’illusion.

La vraie panique se lit plus sur les visages brouillés par un éventail d’émotions kaléidoscopiques. De la joie de retrouvailles aux larmes de résignation difficilement contenues en passant par le scintillement de grands yeux émerveillés par la perspective de la découverte d’une nouvelle culture. Bien que là encore, ce ne soit qu’illusion.

Car nos comportements et nos expressions sont le fruit de notre expérience cinématographique, télévisuelle ou personnelle (mais on en revient au modèle cinéma et télé). Quiconque agit en fonction de ce que qu’il ou elle a observé.

Cette actrice éplorée devant la dépouille de son amant portant un uniforme éclaboussé de sang (la tristesse, le désespoir). Cette gestuelle de la séduction d’une danseuse de club branché aux lèvres entraînantes (la volupté) puis son retour dans son taudis qu’éclaire une seule lampe dégingandée alors que de la pénombre s’élèvent des sanglots et qu’un mari gît inerte sur le comptoir en zinc d’un bar à maquereaux à quelques encablures de là (horreur, compassion).

La plaidoirie enflammée d’un talentueux avocat sous les traits de Tom Cruise nous motive à mener à bien ces satanées études de droit ou à envisager une reconversion (ambition, réussite professionnel, culture de la victoire, joie).

Nous sommes des éponges protéiformes reproduisant  inlassablement des scènes ingurgitées depuis notre plus tendre enfance.

Même notre conception de la beauté est galvaudée par des influences médiatiques. Le marketing crée le standard et les modes, les chirurgiens esthétiques et autres thérapeutes de l’âme font le reste.

Nos répliques sont calquées sur des représentations inspirées de scripts. Nous nous croyons originaux alors que nous ne faisons que plagier des œuvres de fiction, singer des icônes inaccessibles de la perfection. Une vaste mascarade, une manipulation manichéenne…

Au moins, la littérature autorise l’innovation en imposant simplement des mots agglomérés en citadelle de phrases dont chacun investit une salle pour en faire son univers.

Vous aimez, en voici encore des miettes croustillantes.