Il te faut jeûner me répète la nuit où un chien aux aguets cauchemarde en aboyant l'impossible attaque d'un improbable voleur d'engins de chantier. Rien ne l'apaise celui là, ni qu'aux alentours tout soit d'un calme monacal ni que son maître se repose non loin, dans un baraquement où touche à touche il chasse l'ennui en se perdant au milieu des programmation de sa nuit et du sommeil qui comme pour moi le fuit. Chien ! Ton alarme me peine, la mienne parle par ta voix, nos chagrins pourtant s'estompent quand se diffusent les contours de l'ombre épaisse comme ton pelage et que se noient le tranchant des couteaux au coeur lourd du silence. Il te faut jeûner me dit la nuit. mais à lui que dit-elle ? Il te faut plaindre l'homme, chien. Voilà ce qu'elle lui dit. L'homme qui de ta chaîne accrochée aux rambardes du destin a fait la pointe du compas d'où tu tires le cercle vicieux de l'ignorance. Car c'est de ton ignorance que tes aboiements fusent et de son ignorance que l'homme se justifie de ce qu'il attache en toi. Et à la nuit, le chien et moi, chacun à sa pitance, que dirions-nous ? Voici peut-être ce que nous lui dirions si le chien et moi étions attachés à la même chaîne par le même amour de l'Homme : Nuit, ton sein a l'air si lourd et pourtant ni lui ni moi, il ne nous nourrit sinon que d'un peu de mystère résonnant en nos flancs creusés. Voici peut-être pour quoi il écrit, voilà pour qui peut être j'aboie. Pour qu'en chacun de nous, la nuit rassasie ce que l'Homme à laissé de son amour au bout d'une chaîne trop courte, et qui pourtant se perd à faire en tous sens le tour d'un monde presqu'achevé mais pas encore assez aimé.