Des parlures de température. Qu’on répète à satiété comme si ça pouvait changer quelque chose.
Des papotages, des racontages de voyages.
À quand la lecture, l’écriture, la peinture, la sculpture? Après le temps aux autres, à quand le temps à soi? À l’automne peut-être quand les estivants rentreront dans leur tanière, quand je rentrerai dans ma caverne.
Cette atmosphère fébrile, qui entoure les conversations tourbillonnantes, m’étourdit, m'alourdit. Le ton monte, on s’énerve, on s’éclabousse. Ce que chacun veut dire prend un air important. Chacun devient le centre du monde : le roi et le sujet tout à la fois, un monde duquel je suis exclue. Je parle aussi pourtant, je babille et je ne m’intéresse même pas moi-même ! Chacun devient émotion, devient passé, devient conteur du moindre bobo. Un monde essoufflant d’où l’on sort forcément fatiguée, comme si c’était un marathon à gagner : «ai-je tout dit? qu’est-ce que je voulais dire donc? Attends, attends, je n ‘ai pas fini !»
La lecture, l’écriture pour l’auteure «de nos stylos», la peinture et la sculpture pour l’artiste «de nos pinceaux» : un monde à l’opposé de la parlure. Dans le silence et le recueillement, dans le calme. Dans l’émotion aussi par contre, mais qui n’a rien d’une course à être dans le futur. Juste un temps présent. Prendre le temps de dire, d’écouter, de regarder, de faire naître.
Suis-je en train de dire que l’été n’est pas temps de création?