Celui qui ne verra pas la fin du film / Celle qu’on a éjecté du casting pour comportement inapproprié envers l’assistant réalisateur qu’elle estimait trop entreprenant / Ceux qui lanternent dans l’arrière-cour du studio 7 en costumes de prisonniers du goulag même pas sûrs de figurer dans les prises de ce jour / Celui qui ressemble un peu à Sean Penn mais pas assez pour qu’on lui demande des autographes / Celle qui se demande si le ministre de la culture se fout du monde en resservant aux médias sa formule débile d’un cinéma populaire de qualité / Ceux qui se demandent si tous les chefs-d’œuvre du 7e art répondent aux critères d’un cinéma populaire de qualité / Celui qui trouve aux blaireaux qui président aux destinées de la politique culturelle des cantons le même air de représentants en ventilateurs / Celle qui va revoir régulièrement les films où sa sœur jumelle joue les rôles dont elle aussi a rêvé / Ceux qui distribuent des Awards de la nullité aux décideurs de la branche / Celui qui prétend avoir couché avec Béatrice Dalle sans en être sûr sûr tellement il était gelé à la vodka-pomme ce soir-là / Celle qui s’identifie complètement au personnage de Jean Seberg dans À bout de souffle en dépit de ses 67 ans bien frappés / Ceux qui ont été touchés par le film Giulias Verschwinden de Christoph Schaub qui parle si tendrement et justement du vieillissement par le truchement de deux acteurs sublimes / Celui qui prend un œuf dur dans le même panier que Michel Piccoli au Continental Breakfast de l’Hôtel Ramada Super / Celle qui a failli jouer dans le film juste pas retenu dans la Compétition internationale mais présenté dans la section Talents de demain / Ceux qui ne sont pas au clair sur la notion de The place to be at the right Moment et d’ailleurs s’en contrefoutent / Celui qui déguste le délicieux risotto à la manière noire à côté de l’actrice vénézuélienne qui a choisi une polenta plus populaire mais de qualité sur la terrasse de Luigi / Ceux qui croyaient voir Cameron Diaz en chair et en os alors qu’elle s’est contentée d’envoyer une carte postale électronique projetée juste avant le film où elle apparaît la boule à zéro / Celui qui se sent les jambes très lourdes après les deux heures qu’il est resté coincé dans un parterre de 500 kids à voir le super-manga Nausicaa de la Vallé du Vent de Hayao Miyazaki, etc.
Corinna Harfouch et Bruno Ganz, magnifiques interprètes de Giulia's Verschwinden, nouveau film de Christoph Schaub présenté en première mondiale à Locarno.