(Décidément, on parle de tout, dans ce blog)
Une première : Y. est passionné de foot, il aimerait communiquer un peu de sa passion à ses parents… alors, il a eu cette idée géniale : m’offrir un billet, à moi qui n’ai jamais mis les pieds dans une enceinte footballistique. « Tu vas voir, ça va te plaire ! ». Soyons honnête : cela ne m’a pas déplu. Soyons magnanime, moi qui ai grincé des dents quand notre municipalité a voulu à tout prix abattre des arbres dans le grand parc Paul Mistral pour construire… un stade ( !),je reconnais aujourd’hui que ce bâtiment est architecturalement beau et s’intègre bien dans son environnement (encore) boisé. Et puis, c’est une expérience, n’est-ce pas ?
Alors, nous voilà arrivant au stade bien trois quart d’heure en avance. Nos vélos sont rangés à l’abri, bien en amont du flot de spectateurs qui progresse. Beaucoup de familles, des petits qui nagent dans les maillots bleus trop grands aux couleurs du GF38 (oui, c’est comme ça « qu’on » s’appelle…), des mères qui rameutent la troupe, des pères qui commentent à l’avance les chances des deux équipes. A vrai dire, c’est vite vu : Grenoble n’a aucune chance. Il me l’a bien dit, Y. c’est l’équipe qui a le plus faible budget du championnat de Ligue 1. Peuvent pas se payer des vedettes. Achètent le plus souvent des vieux brisquards sur le retour, des rebuts partis ailleurs se faire oublier un temps, comme ce Ljuboja viré du PSG qui revient se faire une santé sur les bords de l’Isère. Mais c’est un bon, à ce qu’il paraît… on va voir ce qu’on va voir.
Déjà en arrivant je vois. Ou plutôt j’entends. Mazette, ils y vont déjà de la voix ! qui donc ? les supporters pardi. Déjà là, à ce qu’il semble, depuis longtemps. J’apprendrai par la suite qu’ils se sont déjà frictionnés avec ceux d’en face sur le coup de 19h. Les « nôtres » occupent le côté gauche du stade, quand on regarde la dent de Crolles (pour ceux qui connaissent…), ils ont des bras, beaucoup de bras ! Qui se tendent. Déjà j’aime pas ça, ces allures de signes nazis. Enfin bon… ils gueulent quand arrivent les joueurs grenoblois sur le terrain. Ceux-ci sont en blanc. Tiens, c’est nouveau. Non, me dit Y. c’est leur tenue d’entraînement. De fait, ils s’entraînent : font plein de petits exercices, d’étirements, de courses sur le bas côté avec démarrage sur les chapeaux de roue, freinage brusque, retour en arrière, sauts, extensions. Le goal dans son coin ramasse les boulets que lui assène un entraîneur nonchalant. Arrivent les Marseillais pour faire la même chose sur leur bout de terrain. Si j’écris ici ce que les ultras de la tribune de gauche leur assènent comme horreurs, je crois que le petit bouton Alerter en bas à droite va être cliqué… alors je me tais, mais c’est dans le genre, vous voyez, comme si les autres, ceux d’en face, n’étaient pas tout à fait des hommes. Vous l’avez compris : nous sommes plutôt près du petit côté des supporteurs grenoblois. Ceux de Marseille sont loin, là-bas, à droite. Tiens, ils ont l’air moins nombreux. Mais ont de chouettes drapeaux. Curieusement, nous sommes entourés de gens de Marseille. Ca ne me gêne pas, que ce soit Grenoble ou Marseille qui gagne… qu’est-ce que j’en ai à faire ? hein ? et comme je sais en plus que c’est Marseille… on va essayer d’en rire, c’est tout.
(entraînement grenoblois)
(du côté des supporteurs)
C’est pas tout ça, mais l’heure approche. 21 heures, on n’a pas vu le temps passer. Déjà le match est commencé, j’ai de la peine à voir quelque chose, je n’ai même pas encore compris qui joue de quel côté… je jette un œil sur le programme des fois que ça m’aide. Ah ! juste devant, un grand balaise africain qui déboule, et que je te déborde tout le monde, et que voilà nos Grenoblois qui paniquent, coup de pied dans le ballon. Paf ! BUT ! Ben dis donc, ça fait pas deux minutes qu’ils ont commencé. Maintenant, j’ai compris, là devant nous c’est le but de Grenoble. Et ils viennent déjà de s’en faire mettre un. Ah les Marseillais autour, ils sont contents. Mais les petits mecs de la tribune des supporteurs grenoblois alors eux, pas du tout contents ! mais vraiment pas… voilà qu’un petit commando se forme, avec l’air très buté, pas raisonnable, mais alors pas raisonnable du tout (au sens propre, je veux dire par là qu’on aurait du mal à les raisonner) qui nous montre du doigt avec haine, ils veulent en découdre et disent encore des Marseillais de fort vilaines choses. Heureusement, il y a un cordon de sécurité pour les maintenir. Encore une minute et hop ! corner. Je me tourne vers Y. : « ben, à ce rythme, ça va être du 6-0 »…
(première mi-temps, au fond: la Dent de Crolles)
Mais ouf, c’était parce que les Grenoblois n’étaient pas encore bien entrés dans le match. Je les comprends. Moi-même, j’ai mis longtemps à y entrer, dans ce match…
Je n’y connais pas grand-chose mais j’ai l’impression « qu’on » a pas mal été bousculés durant la première mi-temps. Mais finalement, la défense a tenu, cahin-caha jusqu’à la mi-temps. Seconde mi-temps : ça allait être sympa car désormais nous aurions le but marseillais devant nous, donc si jamais les grenoblois… eh bien on serait au premier rang. Et justement, les Grenoblois se sont ressaisis en seconde mi-temps. Ca n’a pas été sans mal du côté de nos amis les supporteurs, remarquez. Car les voilà qui jettent tout ce qui leur tombe sous la main sur la cage et le petit espace défendus par… par…. (attendez que je relise) Steve Mandanda, le gardien de l’équipe de France soi-même ! Tout de rouge vêtu.
En route pour la seconde mi-temps. Déboule un petit japonais (tout le monde vous le dira : ils sont tous petits, les Japonais, forcément petits) il courait vite et bien, juste dans la direction du but défendu par Steve Mandanda - le - gardien - de - l’équipe - de - France - soi-même, mais hop, un arrière robuste a tôt fait de le faire voltiger en l’air. Aïe, il se tord de douleur, l’ami Daisuke Matsui. Carton jaune ! Ah ! que je me dis, il y a donc une justice. Y. me dit : « oui mais c’est un carton pour Matsui », « ben, pourquoi ? », « simulation ! ». Mince, j’avais pas vu qu’il simulait, le Matsui. Mais peut-être que dans le fond, ils sont tous en train de simuler. Moi-même d’ailleurs, à des moments, je me demande si je ne suis pas un peu simulateur. Un petit carton me ferait du bien.
On repart. Belle attaque d’Akrour, l’avant-centre grenoblois (international algérien s’il vous plaît, d’ailleurs il y a des drapeaux algériens dans la tribune, je trouve ça plutôt sympathique). Moi, je suis souvent dans mon programme, en train de chercher les noms des joueurs que je remarque de temps en temps. Le 10 grenoblois, par exemple, c’est Battles qu’il s’appelle, le 19 marseillais c’est Heinze. On apprend, on fait connaissance. Mais si on reste le nez dans son programme, on rate des évènements, forcément. Tiens, un coup par exemple, j’ai rien compris. C’est allé si vite. Le rouge, Mandanda-le-gardien etc. s’avance beaucoup trop (enfin, à mon avis) pour stopper une attaque grenobloise, il tape dans le ballon mais icelui revient ayant ricoché sur le dos d’un joueur et voilà la balle qui se dirige toute seule vers les filets et le pauvre Mandanda qui court après… et…. et…. mince, la balle passe à côté. Mais pour un peu, c’était l’égalisation ! A quoi ça tient, quand même. C’est un peu un jeu de chance, le foot.
Une autre fois où je relevais le nez de mon programme, je les vois tous marcher sur le terrain, délaissant le ballon, comme s’ils s’entendaient entre eux pour faire un bon coup à l’arbitre. Espiègles, va ! Je demande à Y. : « qu’est-ce qu’ils font ? » « ils vont au vestiaire ». Voilà autre chose. Mais c’est pas l’heure ! Y : « y a un pétard qui a atterri sur la pelouse, alors c’est comme ça, dans un tel cas, maintenant, les équipes se retirent ». Je n’ai pas vu le pétard, mais si c’est vrai, ils ont bien raison. On n’est pas là pour jouer les arbres de Noël après la mise à feu des bougies. Finalement, les chose s’arrangent… le capitaine grenoblois est allé voir les supporteurs et leur a dit « faites pas les cons » (sic). Il n’a pas peur le capitaine, parce que dire des trucs comme ça à ces gens là c’est un peu comme aller demander à un pingouin de ne pas se tremper dans l’eau.
Le temps passe, le temps passe et nos grenoblois n’ont toujours pas égalisé dans l’histoire. Et même que… 81ème minute, là-bas loin du côté droit, j’ai bien vu que ça chauffait… deuxième but Marseillais ! Argh, les carottes sont cuites. Comme tout à l’heure, les Marseillais autour de nous sont contents, la fille un peu enveloppée qui est devant moi appelle sur son portable, son regard un peu bovin s’est illuminé, tout va bien pour elle. Et revoilà ces imbéciles de supporteurs grenoblois qui font leurs mines vociférantes dans notre direction, le doigt en avant, là, le doigt… ils nous veulent du mal c’est sûr. Mais le cordon de sécurité les retient. Y. me dit : « bon, faut qu’on bouge », « ah bon, tu veux pas rester jusqu’à la fin ? », « non, c’est plié, il ne va plus rien se passer ». On attend quand même le coup de sifflet. Là, tout le monde se sauve, comme si la Terre allait trembler sous le stade… A la sortie, nous croisons les gendarmes, déjà vus en arrivant, qui nous couvent des yeux, comme c’est beau cette sollicitude. Allez hop, on reprend les bicyclettes.
Le 23 août, « on » accueille le RC. Lens. Vous venez ?