Magazine Journal intime
Une fille... à la maison de retraite.
Publié le 10 août 2009 par UnefillealyonRetour au taf après un long week-end passé dans le nord grâce aux « ventes flash de la SNCF » où j’ai réussi à choper un Aller/Retour Lyon/Lille en première classe pour 60 euros, Maryyyyyyyse, c’était une affaire à ne surtout pas manquer !
Je ne vous cache pas que la reprise du lundi est particulièrement dure. J’ai passé trois jours de folie durant lesquels j’ai, entre autre : déjeuner avec un ami-ex, dîner et fait la teuf avec deux super copines pas vues depuis deux ans, fait griller des brochettes à deux reprises (une fois pour les amis, une fois pour la famille), dîné au restau avec une amie d’enfance, participé à la cueillette des prunes et passé une après-midi à tenir compagnie à une personne de ma famille qu’est dans une maison de retraite.
La maison de retraite.
Moi qui m’attendais à un mouroir, j’ai été étonnée de trouver un endroit mignon comme tout, décoré avec plein de petits objets et dessins réalisés par les pensionnaires, avec un joli jardin intérieur, un lapin domestique dans la salle commune et des aides-soignantes pleines de tendresse pour leur « petits-vieux »…
Le côté « mouroir », forcément, on le retrouve avec les personnes vraiment dépendantes. Ces petites vieilles complètement à l’ouest qui passent leur journée dans leur fauteuil roulant installé dans la salle de télévision ; qui se font changer les couches et donner la becquée… Misère !
Forcément, c’est encore ma mère qui s’occupe de cette personne - qu’est sa tante mais qu’a pas eu d’enfants… quant aux frères et sœurs de ma mère, on ne s’inquiète pas trop : ils sauront bien refaire surface quand la vieille passera l’arme à gauche et qu’il faudra venir signer des papiers et récupérer un éventuel magot. Même pas gênés de ne lui avoir rendu aucune visite ces dix dernières années ; après tout, ils ont su le faire pour leur propre mère, alors leur tante, pffffff, trop fastoche !
Ma mère aussi elle fait fort côté karma. Après s’être occupée des deux grand-mères pendant dix ans, v’là qu’elle se coltine la vieille tante : elle aurait fait carrière en haut d’un mirador dans une vie antérieure que ça m’étonnerait qu’à moitié (n’oubliez pas qu’elle s’est mariée avec un polonais !)…
La vioc me fait délirer. Ça fait trois semaines qu’elle est là-bas, suite à un AVC. Elle a toujours vécu dans sa maison ; ma mère allait juste lui faire son ménage et lui ramenait quelques courses une fois par semaine… Une personne très forte, très indépendante, voir même très dure.
Faut dire qu’elle n’a pas eu une vie facile : elle est née en 1914, n’a pas connu son père, mort à la guerre. Son mari, Raoul -qu’elle aimait tant- a pas eu de bol pendant la deuxième -de guerre- et tous les enfants qu’elle a eu sont morts en bas-âge.
Après, on s’étonne qu’elle ait un caractère de merde.
La vioc, elle est toute contente de me voir. Sa chambre lui plaît bien, elle kiffe la bouffe de la cantoche et elle trouve que les aides-soignantes sont bien sympas.
Par contre, ça commence à la gonfler sévère d’être coincée dans sa chaise roulante.
Son AVC lui a un peu déréglé le ciboulot et elle a tendance à se gameller dans les couloirs. Du coup, elle me demande vingt fois de lui défaire le biniou qui la tient dans sa chaise… elle s’énerve et elle pleure parce que « tu te rends compte de ce qu’il m’arrive ! ». Ensuite elle se plaint : « ici, y’a que des vieux, ils comprennent rien de rien ! ». C’est vrai qu’avec ses 95 balais au compteur, elle est de toute première fraîcheur…
Je savais que vieillir n'étais pas une partie de plaisir. Mais pitié, faîtes que si je suis encore vivante à son âge, mon cerveau fonctionne encore assez pour savoir faire les nœuds coulants !