Et alors ? Et oilà !

Publié le 11 août 2009 par Lepaf

Pour cet intermède méditerranéen, j’ai délibérément emprunté le titre d’une chronique tenue jadis par le Petit Poète, Roland Bacri, dans l’édition dominicale du quotidien “Le Provençal” des années 70.

Je préviens, quand même par acquis de conscience : ce texte est parfumé au règlement de comptes…Donc de très mauvaise foi
Si pour la plupart des bipèdes chanceux que nous sommes, les vacances sont l’occasion rêvée pour se déconnecter de cette dingue de vie….

(quoique, au vu du nombre d’Iphones que nous avons croisé depuis le péage de Fleury, je serai tenté de croire que nous sommes “high tech” dépendants, même au plus fort des flux migratoires)

…..pour d’autre, les mois de juillet et d’août signent la période des retrouvailles, tel des flamands roses qui s’en retournent en Camargue, après une projection de Home, de Yann Arthus-Bertrand.

Attention, il ne s’agit point de faire allusion aux grandes messes que sont le Tour de France ou la reprise du Championnat de France de football, instants de communion chargés en émotions, en produits illicites et en sociétés off shore, mais plutôt de se pencher sur ce moment où l’on renoue avec ceux et celles que l’on a perdu de vue plus ou moins volontairement durant toute une année : famille, amis, plagistes, pizzaiolos ou canadairs…

Vous me ferez remarquer avec justesse, qu’entre les portables, les e-mails, twitter, facebook, messenger, et skype, il paraît difficile de se couper totalement de ses racines estivales, pour peu qu’on en ait la volonté.

Mais bon, on me rétorquera que les provinciaux, aussi, “montent” à Paris pour un congrès, un spectacle, un évènement sportif ou familial mais rarement pour prendre le RER C entre Choisy et Juvisy.

Pourtant, chacun reconnaîtra que le plaisir de recevoir dans sa modeste demeure est un réel bonheur. L’hospitalité se cultive aussi au nord de la Loire, pour peu que l’intendance suive et que la géopolitique des lieux ne soit pas un obstacle.

On comprendra, sans difficulté, que la phrase suivante, par exemple, est à bannir  :

- Ma maison ? c’est la dernière de la rue, juste avant les trois voitures calcinées ! mais t’inquiète pas, en semaine tu risques pas grand chose, le week-end par contre, ça craint…on s’appelle hein ???

- On va réfléchir….

Bien sur il y a la solution du terrain neutre, mais bizarrement ce n’est souvent qu’au retour qu’on découvre l’adresse qu’il fallait connaître et qui servira à coup sur pour la prochaine fois.

Donc, on se retrouve, on s’embrasse, on boit l’apéro et on en arrive au plat de résistance:

Que faire ? Que dire ?

Les interroger sur leurs vacances à Hawaï pendant deux semaines à six ou leur administrer par le détail mes aventures de paf, dont ils savent déjà tout, vu que, eux, ils ont été parents avant nous et que eux, au moins, ils travaillent !

- Et alors ? que deviens-tu ? Ca c’est le début de la question, et, pour pas trop vous étouffer ils ajoutent dans un sursaut d’affection, “mon grand” !!!

La mort lente !

- Moi ? je vis aux crochets de ma femme, je traîne, je glandouille

- En fait t’es un proxo à la sauce scandinave….

-  ????

En vérité j’explose intérieurement. Les paf n’ont pas vidé toutes les cases de leur cerveau : boulimiques d’infos, leur zone de compréhension dépasse largement les frontières de “Closer”.

Et oilà. Aujourd’hui on se voit dans ta somptueuse villa, qui surplombe tout Marseille; c’est simple : seule la Bonne Mère peut se pencher sur toi quand elle joue à la pétanque.

Tu es avocat, médecin, homme d’affaires, et lorsque je me retrouve dans tes murs, je vois briller deux petits dollars dans tes yeux comme ces boules à facettes que tu as installé dans ta discothèque privée.

Tu n’es plus que l’ombre d’un mauvais “toon” :  Pixar et Dreamworks réunis auraient du mal à te relooker.

Ils me regardent comme un curieux animal, une bête de foire et je les entends réfléchir :

“Comment son épouse arrive-t-elle à supporter ce looser ?”

Dans une demi-heure le calvaire sera terminé : on joue les arrêts de jeu. Et là tout d’un coup, de façon anodine, ils lâchent :

- Tu devrais écrire, ça te ferait une psychothérapie; toi qui n’a pas les moyens de t’offrir une analyse.

- Écrire moi ?

- Oui toi; il paraît que tu adores ça et en plus tu as un ego aussi gros que toi!

- Pourquoi pas ? j’ai toujours eu envie d’avoir mon blog …

- Euh, je ne suis pas convaincu que ta vie  intéresserait grand monde…

- Tu es la sagesse même ….un blog …un blog écrit par un paf….c’est du grand n’importe quoi…j’ai la fâcheuse habitude de m’emballer..et pourquoi pas un one man show, tant qu’on y est ?