L'escarpe

Publié le 13 août 2009 par Lephauste

qu'il est donc doux de tout s'abandonner à l'extrème légèreté, ne plus songer, ne plus sommer la vie de faire un effort, se laisser porter par le vent, la tête renversée, la poitrine soulevée, les pieds appuyés en des lieux où l'on se ressemble enfin. Je navigue, flotte, vrille, le travail des anges s'en allège, le long de l'escarpe je voyage gratis, je suis enfin ce que je voulais être, un naissant de rien et n'allant nulle part, pas plus lourd que le diffus, pas plus orgueilleux que le confus. Ma mémoire est vièrge de tout ce qui hier réclamait sa pitance, mon crane était un poing refermé sur un secret amour de l'homme, il est à présent la main du creux de laquelle je déploie le sourire paisible. Mon ventre glousse comme une poule ivre d'avoir avalé un diamant. Mes couilles même, mes bonnes burnes roulent comme des épineux au désert. Mon sexe, ma queue, ma bite ? Ce chybre qui parfois fit s'élever le ciel d'une toison poissée, mon sexe est un état de grâce, un souvenir soyeux, quelque chose, quelqu'un, un rien qui soupire.

Je pars,et pars sans part, sans cassure, lent, sans enveloppe, intact. Je suis comblé enfin de tout ce que je n'ai pas voulu posséder, de tout ce à quoi je n'ai pas voué la vie. Cette vie infiniment éparse et parfois rassemblée d'un seul regard au dessus d'un berceau, parce que ça et là, un feu brûlait, un feu que ma nuit protégeait, un feu fait et de père et de mère. Autour duquel s'assemblaient ceux que ne résignait pas l'idée de vivre en convoi, dans l'exil intégral et les migrations d'âmes désarmées. J'ai aimé, putain que j'ai aimé ! Mais les cimetières de nos coeurs sont pleins jusqu'à l'os de nos amours en boite. Alors ? Alors j'emboîte le pas aux étoiles et je fais sans semelle le chemin des glacis.