Le monastère des pénitents
Ce
lieu était à peu
près à un mille du monastère; on l’appelait communément la
Prison. Toutes les consolations humaines en étaient bannies :
on n’y voyait jamais du feu; l’huile et le vin n’entraient point dans la
nourriture qu’on y prenait; la nourriture des pénitents était du pain et
quelques légumes insipides. L’abbé envoyait dans cette triste maison tous les
moines qui, après leur profession religieuse, étaient tombés dans quelque faute
considérable, et ils y étaient tellement renfermés, qu’il ne leur était pas
libre d’aller ailleurs ni de vivre ensemble, mais seul à seul, et le plus
souvent deux à deux. Ils y demeuraient jusqu’à ce qu’il eût plu au Seigneur de
faire connaître à l’abbé que leurs péchés étaient pardonnés, et qu’ils étaient
réconciliés avec Dieu. Le supérieur leur avait donné, pour supérieur
particulier, un excellent homme appelé Isaïe, lequel exigeait d’eux une prière
presque continuelle, et ne leur donnait presque point de relâche. Cependant,
pour les empêcher de tomber dans l’abattement et l’ennui, il leur faisait
distribuer une certaine quantité de feuilles de palmier, avec lesquelles ils
faisaient de petites corbeilles. Telle était la vie, l’état et la discipline de
ces pénitents, qui cherchaient avec ardeur à voir la face du Dieu de
Jacob. saint Jean
Climaque : L'Échelle sainte
«De la bienheureuse
et toujours louable obéissance»