Magazine Journal intime

Acheteuse compulsive de crocs, moi, voyons

Publié le 17 août 2009 par Anaïs Valente

Dans la vie faut jamais dire jamais.

Jamais dire fontaine je ne boirai pas de ton eau.

Passqu'y a que les imbéciles qui changent pas d'avis.

Voilà, avec trois citations hyper connues, j'espère avoir situé l'ampleur du drame que je vais vous conter.

A plusieurs reprises, sur ce blog, même si c'était y'a bien longtemps je l'avoue (passque de fidèles anciens lecteurs m'en feront la remarque, c'est clair), j'ai critiqué ces godasses moches à souhait, de coloris criards et de formes aussi féminines que Jane Birkin (pardon pour elle, mais ça rime, et ça colle bien).

J'ai nommé les crocs. 

A leur arrivée sur le marché j'ai failli m'étrangler.  Même si ça me rappelait la jolie paire de sabots bleu marine en cuir que j'avais reçue étant enfant (des vrais sabots avec semelles en bois hein, et avec une lanière déplaçable sur l'avant ou l'arrière - mais j'avais obligation de la mettre sur l'arrière pour bien soutenir mon peton, dixit ma maternelle), j'ai pas aimé.

Même avec les petits strass ou accessoires qu'on pouvait ajouter, j'ai pas aimé.

Même avec des tonnes de couleurs, pour tous les goûts, j'ai pas aimé.

Même avec un modèle plus fin, plus « féminin » (chatouillez-moi que je rigole), j'ai pas aimé.

Même la version hiver avec fourrure incrustée, j'ai pas aimé.

Puis, soudain, en juillet dernier, va savoir pourquoi, va savoir comment, j'ai aimé.

J'ai été contaminée.

Mieux que le virus de la grippe H1N1, le virus crocs, qui croque tout ce qui passe (oui, bon c'est nul je sais).

J'ai donc osé en essayer, d'abord dans le fond d'un magasin Oxfam, qui en détenait une paire blanches/blancs (mâle ou femelle titchu ?), bien « classiques ».  Drame incommensurable : trop petits.  Mon gros orteil, qui a la manie de rebiquer (même qu'un spécialiste du pied a appelé ses confrères pour qu'ils voient ça, car je suis apparemment un cas unique au monde, ça me fait une belle jambe...), il était tout racrapoté dans le fond, le pauvre.  Et moi, comme ma maman m'a dit « mets bien la lanière à l'arrière », ben je mets la lanière à l'arrière, et mon orteil il aime pas ça.

Ensuite, j'ai essayé dans un magasin pour fous de jardin, une jardinerie ça s'appelle.  On y trouve des plantes, des trucs pour animaux domestiques, du matos pour tuer l'oïdium qui a attaqué mon chèvrefeuille (et qui a juste tué mon portefeuille, car l'oïdium continue à tuer mon chèvrefeuille), et des crocs.  Enfin des imitations.  Rebelote niveau gros orteil : la godasse est trop petite, ou trop grande, au choix.  Cette manie aussi de mettre plusieurs pointures en une seule : 37-38, 39-40.  Ben non ! Soyez précis, ô fabricants.

Enfin, j'ai tenté le magasin de chaussures.  Au diable le ridicule.  Et j'ai tenté les vrai(e)s Crocs.  Vrai(e)s de vrai(e)s.  Et chères de chères, ou chers de chers, au choix.  J'ai essayé les deux modèles : le sabot, et le modèle plus fin, avec deux brides.  En vain.  J'ai dû tirer un trait sur mon rêve à peine éclos.  Il était écrit que mes petons et les crocs étaient incompatibles.

Jusqu'à ce que...

Un jour de marché...

Je découvre un stand de vingt mètres de long remplis de dizaines de milliers (de milliards ?) de paires de crocs, enfin des imitations.  De toutes les couleurs.  De tous les modèles.  De toutes les pointures.

Je suis d'un coup d'un seul devenue Alice au Pays des Merveilles.  Un enfant dans un magasin de jouets.  Un serpent face à une dizaine de souris blanches.  Le bonheur.

Une demi-heure d'essayages plus tard, dont je vous passe les détails, car ce fut épique, par une chaleur folle, moi déambulant le long du stand pour voir si je parvenais à marcher avec ces drôles de godasses, moi testant tous les coloris et tous les modèles, moi m'extasiant sur la beauté de cette chose que j'ai tellement décriée), donc une demi-heure plus tard, j'étais deviendue l'heureuse propriétaire non pas d'une, non pas de deux, mais de trois paires de savates.

Et bien, on est dedans comme dans des pantouf', croyez-moi !  Et paraît que dans les vrai(e)s de vrai(e)s, c'est encore mieux.  Des pantouf'.  Bon, je l'admets, par températures caniculaires, je sue un peu beaucoup, mais keske c'est confortable.

Comment ai-je pu vivre tant d'années sans ?  Je vous le demande.

Allez, je vous les présente : les noires avec fraises, les roses avec strass et les vertes avec strass amovibles.  Qué bonheur hein !  Tout ça pour 5 eur la paire, odeur de caoutchouc incluse.

crocs



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