Magazine Journal intime

Et ça continue encore et encore ... Roman again !

Publié le 19 août 2009 par Jess_kelig

Parce que vous êtes gentils et parce que je suis extrêmement généreuse (et modeste), je vous offre la page 4 de mon roman right here, right here. 
Non ne me remerciez pas : c'est cadeau !

 

***

Si les premiers jours ont été idylliques, la suite s'est révélée beaucoup moins rose que je ne l'avais prévu. Les virées nocturnes dans les clubs rock à la mode s'enchainaient. L'alcool coulait à flot dans des afters enfumés à domicile, interminables et destructeurs. Je vivais la nuit, dormais le jour. Je devins insomniaque. Mes journées se résumaient à rester vautrer sur mon lit, un casque sur les oreilles, volume poussé à fond, à écouter la pile d'albums que l'on piquait régulièrement chez le disquaire du quartier. Pas que mon amie ne manqua d'argent. Loin de là. Pour quelle raison alors ? L'adrénaline. L'envie de se sentir vivante en transgressant les interdits. On se mit à piquer des fringues, de la nourriture et surtout de l'alcool. On se fit attraper. Une connaissance, pas des plus fréquentables, vint nous sortir d'affaire. On se tint à carreaux pendant quelques temps et le manège recommença. Je me fatiguais de cette vie. Un an avait passé depuis mon arrivée, et j'en étais au même point. Mon existence se résumait aux soirées, aux fauches matinales, à boire et à sombrer au sein des notes. C'était creux. C'était vide de sens. Je n'étais plus qu'un corps, une enveloppe sans âme. Je ne pensais plus, ne réfléchissais plus. Ou était la jeune fille arrivée pleine d’envies et d’espoir ? Un mécanisme malsain s'était mis en route et rien ne semblait pouvoir le stopper.

Je lui parlais de mon mal être. Elle en rit. Je l’informais de mon intention de travailler. Bosser ? J'étais tombée sur la tête ou quoi ? On pouvait tout obtenir gratuitement alors pourquoi se lancer là dedans ? Réaliser ses rêves ? J'étais trop idéaliste. Et puis quelle importance ? Nous avions le quotidien paisible et facile que beaucoup souhaiterait avoir. Je ne réalisais pas la chance que j'avais de vivre à ses côtés sans me soucier de quoi que ce soit.
Il est vrai que l'on ne manquait de rien. Tout ce que l’on désirait, on l'obtenait. Soit par la fauche, soit par ses parents. Elle avait quitté notre lycée rapidement et avait voulu déménager dans la capitale. Ses parents avaient cédé à son caprice, ravis d'une certaine manière de se débarrasser d'elle et de la mauvaise image qu'elle donnait de leur famille. Drogue, sexe, alcool. Elle avait tout essayé, tout vécu très jeune. Plusieurs fois elle avait été arrêtée mais n'avait jamais écopé de la moindre peine ou amende. Son père était un homme d'affaire qui avait fait fortune l’année de sa naissance. Depuis, son entreprise était florissante et il avait étendu ses activités à d'autres domaines  puis à d'autres pays. Puissant, il avait des appuis dans les milieux les plus importants de la ville, tout comme à l'échelle nationale. Voyageant sans cesse, il avait rencontré les plus grands et s'était fait des amis haut placés. Bien pratique alors de vivre une vie totalement décadente puisque papa serait toujours là pour la tirer d'affaire. Il suffisait qu'elle dise son nom ou qu'elle contacte une personne pour qu'aussitôt les gens se confondent en excuse trop peureux face aux éventuelles retombées qui pourraient se produire.

En résumé, son père lui avait offert un grand appartement dans un quartier luxueux. Chaque mois il payait loyer et factures. Il lui versait aussi une sorte de rente afin qu'elle puisse se faire plaisir comme elle l'entendait. Le plus souvent cet argent passait dans l'achat d'ecstasy, d'héroïne, de vodka et de grands crus. Le reste était prêté à droite ou à gauche sans qu'elle ne soit jamais remboursée. Du coup, une petite cour s'était formée autour d'elle, attirée par l'argent facile et l'assurance d'avoir toujours un rail à portée de main. Son insouciance et sa descente lente, mais sûre, aux enfers, commençaient à m'effrayer. Avec elle, je me voyais sombrer dans des vices qui m'étaient totalement inconnus auparavant. Je perdais espoir, j'avais des brusques changements d'humeur. Je me faisais peur. Physiquement aussi. J'avais changé. Je m'étais perdue.


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