A cette époque je vivais déjà séparé de Cécile. Mon fils, Matthieu, avait été envoyé passer le mois de juillet en Californie, à Sacramento, dans une famille américaine afin d’y partager leur vie quotidienne et d’améliorer sa pratique de la langue alors qu’il avait choisi la langue de Goethe en première langue au lycée.
Il avait été convenu que je le rejoindrai début août avec sa sœur Julie et que, tous les trois, nous irions d’abord à Denver Colorado, pour un congrès professionnel auquel je m’étais inscrit, puis que nous entamerions un long périple dans l‘Ouest américain où je souhaitais leur faire partager des souvenirs qui m‘avaient marqué.
Ayant sillonné cette partie des USA de nombreuses fois à divers titres professionnels, j’avais pris mes habitudes dans des hôtels de luxe. C’est donc au Hyatt Embarcadero de San Francisco qu’avec Julie nous posions nos bagages. Cet hôtel proche de la baie est situé en face du terminus de cabble-car qui mène à Fisherman’s Warf où en compagnie des phoques et veaux de mers, on déguste des crabes géants du Pacifique en regardant l’île d‘Alcatraz.
J’avais choisi cet hôtel car sa conception m’avait interloqué quelques années plus tôt, et notamment son hall, son lobby. Imaginez la façade d’un immeuble de 17 étages, en haut de laquelle vient s’appuyer, sur la même hauteur, une pyramide renversée dont chaque niveau équipé d’une coursive est protégé de plantes vertes tombantes. C’est aussi difficile à imaginer qu’à décrire. On s’y sent tout petit et la fontaine iranienne carrée qui laisse tomber l’eau débordante en quatre murs d’eau limpide ne diminue en rien cette impression de petitesse.
Lors de mon premier séjour, j’avais été aussi bluffé qu’à la soudaine apparition des gratte-ciels de Manhattan quand, débarquant de Kennedy Airport, on passe le pont de Queensbridge sur East River. La démesure était totale, j’en avais eu le souffle coupé alors que les photos m’étaient familières.
Dans cet hôtel, j’avais eu la même réaction, à ceci près que cette fois, je ne ressentais pas le sentiment d’être écrasé par la hauteur des gratte-ciels mais, au contraire, j’avais l’impression que cette démesure dégageait un fort parfum de liberté, d’espace infini.
Bien qu’y étant descendu une dizaine de fois, seul ou avec des amis, je reste toujours scotché par cette performance architecturale.
Mes enfants, quant à eux, ne s’intéressèrent qu’au restaurant situé au dessus du bâtiment car celui-ci tourne sur lui-même et permet de découvrir la ville et la baie de SF sur 360°….comme quoi, pas la peine d’en faire un plat…
Pourquoi un tel clin d'oeil ? Parce qu'en ces moments de quinze août finissant, on rêve d'évasion et quand les radios font un reportage sur la journée offerte aux enfants par le Secours Populaire, pour aller "voir la mer" on se dit que décidément, on a eu bien de la chance !
Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu