Voisinage

Kdo d’anniversaire

De l’âge mais encore du (des) charme(s)

Aujourd’hui, c’est mon anniversaire. J’avais invité deux copines à manger en ma compagnie. D’autres impératifs les occupent. Je dis cela sans amertume, ni rancoeur. De toujours le 21 août est la journée des fiascos. Selon ma famille, le jour où je suis née un froid hivernal, accompagné de gros nuages gris, attristait paysage, moral et agriculteurs. Bonjour l’accueil, moi qui n’aime que les grosses chaleurs. D’ailleurs toute cette semaine la température s’est montée à mes vénérés 30 degrés or, depuis ce matin le thermomètre se hausse difficilement à 20° sous le ciel couvert. Je prévoyais festoyer ma naissance en cueillant des raisinets*, dans le jardin d’un ami qui se désintéresse des fruits rouges, pour les transformer en confitures avant ce soir. A voir les cumulonimbus qui arrivent de l’ouest, quand j’aurai fini ce billet il tombera des trombes d’eau.

ll a suffit du téléphone de ma tante Begonia -presqu’une heure de tchatche tout de même- pour que la pluie rapplique en baissant le thermomètre à 18°. La cueillette de raisinets et la fabrication de confitures semblent sérieusement compromises.

Le cadeau d’anniversaire, mon voisin me l’a offert à son insu. Hier soir, je descendais les poubelles dans mon estivale tenue d’intérieur en imaginant que je ne croiserais personne, quand je l’ai surpris en train de causer avec le petit jeune à longs crins qui vient d’emménager au premier.

-Wouah! T’es toute chou!

Même le hard rockeur qui pourrait être mon fils a semblé d’accord.

-C’est ma tenue de maison quand il fait 30 degrés, ai-je répondu presqu’en m’excusant.

Faut dire qu’avec une mini-jupe paréo qui montre le haut de ma cuisse chaque fois que j’avance la jambe gauche, surmontée d’un top, qui date du temps ou je pesais quarante-huit kilos, collé à mon actuel 75C, je suis nettement plus affriolante que sous trois couches de t-shirt, pull, doudoune, écharpe, bonnet. D’accord! Ce billet n’exhibe que ma vanité. Mais à partir de trente-huit ans aucune femme n’aime prendre de l’âge. De plus, j’ai assez d’humour pour rire quand, en hiver dans le bus, des ados portugais refusent de s’asseoir à mon côté sous prétexte qu’ils me trouvent trop moche engoncée dans les vieux vêtements qui me donnent des allures de clodo. Un commentaire discrètement balancé entre copains dans la langue de Magellan que je comprends assez pour savoir qu’on me traite de vieille laideronne. Ah! Que j’aime l’été et les 30° degrés qui me rendent le sex-appeal qui s’égare trois-cents-cinquante-cinq jours par an.

Un merci à mon voisin qui m’a rassurée sur mon âge la veille de mon anniversaire. Certes, question physique, la santé c’est plus important que la joliesse! Tout de même, quand on passe son anniversaire seule, a nadie les amarga un dulce* comme dirait mon papa.

PS: J’ai essayé d’enfiler des bas et un porte-jarretelle à mon cerveau afin qu’on parle de ma matière grise plutôt que de mon physique. Je n’y suis pas arrivée.

Re-PS: Je viens de recevoir les voeux et félicitations d’une personne qui m’est chère. Sans doute la personne qui a été la plus importante de ma vie. Suis en larmes! Pfff… Ben oui, je déconne, je déconne, mais je reste la gamine hyper-émotive d’autrefois.

*Raisinet: Groseille à grappe de couleur rouge, rose ou blanche. En Suisse romande, le terme groseille désigne uniquement un gros fruit vert -groseille à maquereau dans le français de référence-.

*A nadie le amarga un dulce: une douceur n’amène d’amertume à personne.

La tenue qui plaît à mon voisin - et à d’autres, je suppose-. Photo non photoshopée, prise ce matin.

En Suisse romande, les fruits rouges au deuxième plan s’appellent des raisinets. Seuls les fruits verts du premier plan portent le nom de groseilles. Photo prise sur les site de Testadaz.com