Magazine Humeur
Go west (4)
Publié le 21 août 2009 par Didier T.lac powel big dam le rêve
Une nuit passée chez Goulging’s ne fut pas de trop pour permettre aux enfants de récupérer de leurs courbatures et digérer leur escapade indienne. Nous partions le lendemain pour une route qui longeait la frontière entre l’Utah et l’Arizona et nous mener à Page sur le bord du lac Powel.
Le lac Powel résulte de la construction d’un immense barrage, le Big Dam, sur Glen Canyon, à l’entrée de Page. Le bleu de l’eau du lac adoucit le rose éclatant de la terre qui l’entoure. Dans la petite marina de Wahweap que j‘avais déjà fréquentée, des barges plates animées par des roues à aube sont proposées à la location et permettent de visiter le lac et ses alentours aux rythme lent des pales qui tournent à l’arrière alors que les cabines y sont pourvues de tout le confort imaginable. C’est une destination touristique que je conseille vivement à tous ceux qui cherchent à se ressourcer dans une nature sauvage. Lunettes, ambre solaire et maillots de bain indispensables, mais aussi shorts et grosses chaussures pour qui veut se perdre dans les canyons à sec qui ont sculpté la roche en sous sol de purs chefs d’œuvre. A mi chemin entre Brice Canyon et le Grand Canyon, c’est une halte bienfaisante, d’autant que dans la petite ville de Page, un magasin d’usine Ralph Lauren permet de refaire sa garde robe à faible coût ! Nous en avons largement abusé.
Des années plus tôt, j’avais avec Alain descendu Glen Canyon en rafting et partagé mon embarcation avec un Australien débile et deux américains venus là pour se donner le grand frisson. Comment sommes nous sortis vivants de cette équipée sauvage, je ne saurais le dire, mais une fois arrivés au camp de base final sur le Colorado, au fond du Grand Canyon, c’est surtout le retour en hélicoptère qui m’avait complètement achevé. Cette fois, c’était une visite familiale et pépère que j’avais programmée.
Il nous fallut deux jours de navigation tranquille pour aller admirer le Rainbow Arch avant de reprendre la route vers Flagstaff chez les indiens Hopi qui sur le bord des routes vendent des pierres vertes qui semblent être du jade et aborder le Grand Canyon par le South Rim pour y descendre à dos d’âne les chemins escarpés et….. encombrés de touristes, notamment français.
Malgré la magnificence du paysage, nous décidâmes de ne pas nous y attarder et notre Cadillac prit la direction de la Route 66 qui devait nous mener à Los Angeles.
La climatisation de la voiture était poussée à fond et faisait le maximum pour nous faire oublier les 40° ambiants de l’extérieur. L’air était si chaud que du bitume s’échappait une brume qui nous interdisait de distinguer correctement les énormes trucks qui venaient en sens inverse, la réputation du désert Mojave n’était pas usurpée, elle égalait largement celle de la Death Valley que j’avais voulu éviter. Pas un arbre, pas un brin d’herbe, au loin sur la droite, un interminable train avançait sur le Santa Fé Railroad et malgré notre curiosité, la visite d’un village fantôme à Tombstone, célèbre pour son Ok-Corral en fut écourtée. Needles et ses énormes cactus qui marquent la frontière de la Californie furent les bienvenus et malgré l’heure tardive nous passions un long moment dans la piscine de l’hôtel avant de nous restaurer et rejoindre nos chambres.
Le lendemain, le 95 higway nous menait à Los Angeles où j’avais concocté un programme attrayant pour les gamins. J’étais souvent venu à L.A notamment à titre professionnel et n’avais que des hôtels de luxe comme référence. Comme mes enfants m’avaient trop souvent dit que je menais la belle vie pendant que, eux, restaient à Lille (ce qui était vrai, ma foi) , j’avais décidé de leur faire goûter aux délices supposés de ces univers luxueux.
Mais L.A est une trop grande ville pour espérer la visiter à partir d’un seul point de départ.
La circulation y est infernale à certaines heures et les embouteillages fréquents. Nous allions donc d’abord rester deux jours au sud de la ville pour visiter Disney Land à Anaheim et le musée Paul Getty qui domine le Pacifique, avant de migrer vers le nord, Hollywood et ses studios, notamment ceux de Universal qui nécessitent, à eux seuls, deux journées bien pleines. Là nous plongeons de plain pied dans le récréatif typiquement américain et les énormes steaks ingurgités le midi au Hard-Rock Café ne nous empêchaient pas de savourer le soir au Trader Vic’s les spécialités indonésiennes avant de regagner nos pénates au Beverly Hill Hilton à deux pas de Rodéo Drive où la superbe Julia Roberts fit ses emplettes sur le compte de Richard Gere dans Pretty Woman… Un ange passe !
Cinq jours plus tard, goinfrés de spectacles et d’émotions fortes,de ET à Jurassic Park, du Retour vers le Futur aux Dents de la Mer, du motel de Psychose à King Kong, après être passés sous les hangars où dormaient les navettes spatiales Behaviour et Columbia, nous quittions la route de San Francisco pour bifurquer vers Monterey.
Non, nous n’y allions pas pour marcher sur les traces de Steinbeck et partager avec lui les effluves nauséabondes de la Rue de la Sardine; nous avions d’autres buts plus précis. Matthieu avait lu quelque part que la fille d’un des magnats de l’électronique, propriétaire de Hewlet Packard, pour avoir obtenu son diplôme de biologie, avait été récompensée de son succès par son papa qui lui avait construit "le plus bel aquarium du monde". J’en avais contesté le jugement car à mon humble avis, c’était celui qui trônait au fin de Inner Harbour à Baltimore qui méritait ce superlatif. M’accusant de juger sans avoir vu les deux, il n’avait eu aucun mal à me convaincre de faire ce détour puisque pour ma part cette visite venait exactement conforter mon projet le plus secret….
Tout golfeur rêve de jouer au moins une fois dans sa vie à Saint Andrews en Ecosse et à Peeble Beach aux Etats-Unis. Nous étions fin Août et c’était juste l’époque où se déroulait le tournoi annuel organisé par l’USPGA. Ce tournoi majeur avait lieu cette année là aux Palissades, au nord de LA, et devait selon moi, attirer tous les golfeurs de la côte ouest, ce qui me laissait quatre jours pour avoir une chance d’obtenir un départ sur Peeble Beach….
En fait, j’eu la possibilité d’y jouer deux jours de suite sans réservation préalable alors que d’habitude il est nécessaire de réserver deux mois à l’avance ! Les cartes de scores que j’ai gardées comme des talismans témoignent de la sagesse du dicton :"aux innocents les mains pleines" car j’y fis le premier jour un bien meilleur score que le lendemain où je pris le départ en toute connaissance de cause car c‘est vraiment un parcours redoutable !
Quant à l’aquarium de cette jeune milliardaire, si j’admets qu’il est plus grand que celui de Baltimore, que sa localisation sur l’océan permet d’y voir des veaux de mer en liberté, il ne m’a pas semblé aussi riche et diversifié que celui du Maryland.
L’hôtel où nous résidions aurait fait hurler les écologistes, il n’était as situé en bord de plage mais sur la plage elle-même, en son beau milieu !
Décidemment ce pays est bien celui des contrastes, il autorise sur la plage de Monterey la présence d’un cube de béton habillé de bois alors qu’à quelques encablures débute la "17 miles road" qui longe le bord de mer, reliant Monterey à Carmel (dont le maire était Clint Eastwood) et le long de laquelle aucune construction neuve, même provisoire, n’est autorisée afin d‘y préserver le paysage.
De retour à San Francisco, quand il fut question de prendre l’avion du retour et qu’il nous fallut vider le coffre de la voiture une seule solution s’imposa : l’achat d’une grosse valise et de deux sacs de voyage; La société de consommation avait gagné au finish, car nous avions fait le plein de souvenirs, au propre comme au figuré. Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu