Pas évident pour une bibliothécaire de perdre son travail au moment où le gouvernement de Colombie Britannique annonce un déficit de 3 milliards de dollars. Les coupures qui ont commencé vont probablement continuer bon train un peu partout, et moi dans tout ça, je me demande bien où va être ma place... Mais je sais que j'en ai une quelque part, il ne me reste qu'à taper aux portes et rester patiente et ouverte.
Hier, lorsque je suis arrivée au bureau, une étagère et tout son contenu (des périodiques, des classeurs...) gisaient à terre. L'étagère était tombée pendant la nuit -une chance, personne n'a été blessé, et je me suis demandé ce que tout cela signifiait. J'aime voir des signes dans les petits événements de la vie quotidienne. Je n'ai d'ailleurs pas été la seule à faire le rapprochement entre cette pauvre étagère qui a fini par rendre l'âme et le destin de cette collection unique dans la région, qui disparaît après tant d'années et de travail.
Cette semaine a été émotionnellement éprouvante. Annoncer officiellement la fermeture de la bibliothèque, en parler dix fois par jour avec les clients, se faire dire combien c'est triste, recevoir aussi des compliments et des mots de soutien si touchants, ça remue le coeur, dans tous les sens. J'ai beaucoup de sentiments contradictoires sur lesquels je ne m'étendrai pas ici, parce que c'est ma règle de ne pas trop parler de mon travail sur un blog personnel. Pas folle, quand même... Mais je sens que le déroulement de ces dernières semaines est nécessaire pour que cette étape se termine sans trop de regrets. Des regrets j'en aurai c'est sûr, pour les gens avec qui j'ai partagé les 4 dernières années, pour ce service dont ils sont privés. Mais pour moi-même, ça ira. Il est temps.
Quand j'ai appris que j'allais perdre mon travail, ça a été un tel choc que sur le coup, je me suis dit que je n'étais même pas sûre de vouloir continuer à travailler comme bibliothécaire. Je n'ai rien fait d'autre dans ma vie, cela dit, donc je ne savais pas vraiment vers quoi me diriger. Et puis j'ai commencé à lire des articles sur les bibliothèques, des blogs de bibliothécaires, j'ai même emprunté un livre sur le développement de collection, et l'étincelle est revenue. Puisque je suis membre de la Special Libraries Association, j'ai décidé de profiter un peu plus des avantages et services qu'ils offrent, et si je ne trouve pas de travail dans les prochains mois, je mettrai mon temps à profit pour me faire une bonne mise à jour professionnelle. J'ai envie d'explorer davantage comment les outils du Web 2.0 peuvent être utilisés en bibliothèque, par exemple, bien que ce ne soit pas une nouveauté, pas même pour moi et mes ressources limitées (je précise: pas mes ressources intellectuelles, là...). J'ai réalisé à nouveau ce soir combien j'aime mon métier. Il y a toutes sortes de bibliothécaires, toutes sortes de bibliothèques. À moi de trouver celle qui a mon nom écrit dessus.