Magazine Journal intime

1. Le jour premier. Où tout a sans doute commencé. même si je n'étais pas encore "là".

Publié le 22 août 2009 par Handiady
1. Le jour premier. Où tout a sans doute commencé. même si je n'étais pas encore 1. Forcément. Le vrai début de l'entité "moi". Puisqu'on sait qu'il y a un élément de prédisposition génétique dans ma pathologie.
Dans la famille, des problèmes vasculaires et rénaux "du côté de maman", des problèmes cardiaques dans la "branche paternelle"... Une grand-mère maternelle morte avant ses 30 ans d'un problème rénal... On n'a jamais su de quoi il, s'agissait précisément. Pas de trace de mladie neurologique connue... Un frère jamais connu, mon aîné de 8 ans, mort à 5 ans des suites d'une vaccination infantile: ça a commencé par une paralysie, une incontinence!

L'été 1964, mes parents se retrouvent seuls, la première fois depuis longtemps. Ma soeur, âgée de 16 ans, part à Toulouse avec mon frère (14 ans) où ils sont invités par la famille de son futur mari...
Mon père, par l'été titillé (il a 63 ans! Né en 1901), alerte et d'humeur galante, très porté sur la bagatelle, tente la galipette avec maman (41 ans), qui se sent vieille, n'est pas du tout portée sur la chose, n'a pas de contraception digne de ce nom... Le plus motivé gagne...
(J'ai hérité de la "santé"  et de la motivation paternelle dans ce domaine... Chiant à vivre quand le corps ne suit plus... Comme me disait maman: "Si ton père avait vécu plus longtemps, tu aurais une ribambelle de petits frères et soeurs..." Papa disait, en parlant à la fratrie aînée, en riant: votre mère, il suffit que j'éternue dans sa direction et hop, elle est enceinte!")
Coïtus interruptus. Le "contraceptif" du pauvre.
En automne, maman est malade, nausées du matin et co... Elle a déjà eu 3 enfants dont 1 décédé 8 ans avant mon arrivée, à l'âge de 5 ans, d'une tumeur au cerveau provoquée, selon le Pr. Philippides, grand ponte de neurochirurgie de l'époque, par la vaccination infantile. (tiens, on a une intolérance aux vaccins. Intéressant..). Elle est encore profondément traumatisée du décès de mon frère et, en fait, ne s'en remettra jamais...
Quelques temps après sa mort, elle retombera enceinte (tout ce que maman a jamais su sur le sexe et la contraception, elle l'a appris par moi bien plus tard!) et fera une fausse couche.
Ce qui a compliqué nos rapports mère-fille au début: elle avait une peur panique de s'attacher à moi... et de me perdre aussi. D'où une "distance" entre nous que j'ai dû apprendre à franchir... Pour survivre... J'ai réussi, heureusement...
Du coup, elle occulte les signes pourtant évidents, et plutôt que d'accepter l'idée douloureuse d'être enceinte à nouveau et de risquer de reperdre un bébé, elle écrira à la soeur de mon père de longues lettres pour lui décrire ses problèmes de santé... Elle pensera à un cancer!
Donc, si on suit son raisonnement (inconscient), l'idée d'un cancer (avec possible issue fatale, surtout dans les années 60) lui était plus supportable que celle d'une grossesse à l'issue incertaine...

Ma tante lui répondra en se moquant gentiment d'elle: (sur le mode humour légendaire de la branche des RIECKERT! Je tiens beaucoup, de cet arbre-là qui tient même dans l'adversité)
"Mais enfin! Ton cancer, dans quelques mois, tu le tiendras dans tes bras! Tu es enceinte, c'est évident! Tu en as déjà fait 3, presque 4, et là tu ne reconnais plus?"
Les semaines passent et il faut se rendre à l'évidence: c'était vrai.
Ma soeur ne lui pardonnera jamais, ni à mon père d'ailleurs, d'être tombée enceinte...D'avoir couché avec mon père en réalité...
Cette grossesse pèsera beaucoup psychologiquement et physiologiquement sur maman, ses problèmes de santé de famille (veineux, de tension artérielle etc...) s'amplifieront.

Ma soeur me le reprochera jusqu'à l'âge adulte: "A cause de toi maman est malade! Elle aurait dû t'avorter! De toute façon elle ne voulait pas de toi, elle nous avait, nous, et elle aurait préféré avoir un cancer plutôt que d'être enceinte de toi..."
Plus tard, je saurai qu'il n'en est rien, que c'était par peur de s'attacher à moi. Désespoir de l'amour maternel. Mais quand maman décèdera, ma soeur, qui était allée vivre sur une île, lointaine, me reprochera sa mort due à ma naissance (la logique de nase!), alors qu'elle n'est même pas venue à son chevet à la fin... Celle qui a passé de longues heures quotidiennes en réanimation médicale, lui parlant, la massant et lui tenant la main, l'embrassant, pendant 5 semaines 1/2, c'est moi...)

Au printemps de l'année 1965, le 7 mars, en plein carnaval de Strasbourg, papa, ma soeur et mon frère sont au défilé alors que maman, fatiguée, est restée à la maison à faire du repassage... (toujours à s'occuper, comme moi...)

Oui mais voilà, j'entends de la musique les gens rient, c'est le moment que j'ai choisi pour me pointer!
Un voisin prévient l'ambulance (on n'avait pas le téléphone). A l'hôpital, c'était le délire... Maman m'a raconté que les toubs picolaient, s'amusaient, on l'a laissée sur la table de gynéco, d'accouchement, après avoir dit qu'elle n'était pas assez dilatée. Oui, mais elle, elle criait que c'était imminent, vociférant que le toub, en tant qu'homme, n'y connaissait RIEN, et que elle, c'était sa 5ème "couche"!
Le toub repart en riant. "Mais non, on a le temps".
Quelques instants plus tard, je jaillissais, littéralement propulsée, et le toub, revenu au pas de course, m'a bloquée comme un ballon de rugby, sinon je tombais de la table en tirant sur le cordon (déjà sportive hein, premier saut à l'élastique! Et failli me latter... ). J'ai hurlé copieusement pour lui manifester ma colère!
Maman me racontera ces détails à plusieurs reprises, répétant: "Il était fou! Et si tu étais tombée, hein?! Il aurait pu blesser voire tuer mon bébé, cet imbécile!". L'amour maternel était bien là. Au grand dam de ma soeur qui n'était pas partageuse et se chamaillait déjà avec mon frère pour avoir la préférence de maman...
Papa arrivera à l'hôpital avec les deux aînés, ma soeur déjà jalouse. Elle a 17 ans.
Il est super fier et aura une sacré cote auprès de ses copains... et de la gente féminine du quartier!
Il me transmettra mon goût pour l'école, la lecture, l'écriture, l'art, la musique, les langues etc...
Il est membre de la Ligue des Droits de l'Homme.

Bon, c'est pas tout ça, mais maintenant, JE SUIS LA... Avec mon bagage ADN tout neuf, mais déjà plombé... Les dés sont pipés. Mauvaise pioche. Et maintenant?

---->"Episode" 2 demain!

***EMOTION à l'écriture: de la tendresse pour maman, infinie, de l'affection immense pour papa qui a su "m'équiper" avant de disparaître à 72 ans, de la colère envers ma fratrie (on ne choisit pas sa famille!), besoin urgent de farfouiller dans les tiroirs du salon pour retrouver de vieilles lettres et autres écrits de la main de maman, en allemand, de la main de papa, qui excellait en calligraphie... Des photos aussi. Du coup j'ai traîné hier soir et remonté le temps... Pleuré, mais des larmes de nostalgie, de tendresse, pas de peur...


Retour à La Une de Logo Paperblog

Dossier Paperblog