Magazine Journal intime

Scolopendre

Publié le 23 août 2009 par Lephauste

"Ô joie que visse ma peine  ! Ô peine d'où naissa ma joie ! Ô artères sirupeuses où mon sang sans vodka semblait un fleuve boudinné ! Ô ... Oh ? Oh ho !? Ouiche, qui va là ? Qui cause alors que de ma plus belle plume, arrachée du croupion du premier moinezingue venu, je tente, le bout de la langue coincée entre les restes léonins de mes ratiches nicotinées de composer l'ode de ma vie, le chant libératoire de l'artério-sclérose à cent plaques, frais de porc inclus ? Qui trouble ? C'est moi, là, au pied du pupitre. Ah oui, tiens donc ! Et que puis-je pour toi petite piétaille ? SVP dessines moi des lacets. Des lacets ? Et après faut-il que je t'apprenne à les nouer ? Non, ça ira, j'ai une mère, comme tout le monde !

Et c'est ainsi, amies lectrices, que je me retrouvais par un soir d'août où ma muse s'en revenait pas de la plage avec du sable plein le string, à dessiner cinq cent pairs de lacets ronds, en claquant par ci par là quelques annophèles sanguinaires (les anophèles quand c'est très sanguinaire, ça prend deux N, ne me demandez pas pourquoi, la langue française est comme ça. C'est une langue qui tient compte d'un tas de paramètres charmants). La poésie devrait attendre, Nietzsche aussi. A charge pour moi en dessinant de ne pas trop fatiguer l'Amor Fati.

- Et comment t'appelle-t-on noble créature ? Fred, on m'appelle Fred. Fred Aster, si tu veux tout savoir. Mais magne toi un peu j'ai un rencard avec Ginger. Faut que ça groove dans la grole, Que ça swingue dans la shoes, tu comprends ? Et comment que je comprenais, j'avais moi même, dans mon jeune temps aimé passionnément une danseuse unijambiste, borgne et travestie. Mais elle s'était enfuie à Chandernagor, avec un véliplanchiste sur sa planche à clous. Il parait qu'à présent elle l'a rendu complètement marteau et qu'il chasse les punaises et les écrase avec la jambe de bois que je lui avait offerte pour danser le tango. Ô joie que visse ma peine, civis pacem, barre toi bel homme ! Ô ... Oh ? On en est qu'à 372 là. 373, je dirais comme ça, à vue d'oeillet. Je me remis à la tâche, 374, 375 ... Le temps filait en boucles lâches. Le scolo pesait pas moins que pis que pendre mais ses vernis bicolores valaient le détour. Alors je m'appliquais. On a le petit prince qu'on mérite.

- Si tu veux, je lui dis, je te raconte comment tu peux te faire des potes chez les renards ou je te dessine des bottes en peau de mouton ? C'était histoire de le distraire et moi aussi. Et pourquoi pas me faire rentrer chez Fly Tox TM ! Qu'il me répond. Où t'en es ? 497 ... 498 ... 499 ... Cinq ... Arrête-toi là, la dernière pair c'est pas la peine. Ginger aime que j'ai l'air un peu marle, ça l'esquite, qu'elle me dit. Bon et bien maintenant faut que je retrouve ma mère et ma boite à cirage.

Alors il me quitta, son écharpe volait au vent interstéllaire des best sellers de la littérature mondiale et son huit reflets brillait au firmament de la nuit des nuisibles. Et je m'en retournais à mes sacs de noeuds poétiques:

Ô soir que les nouilles enfument ! Ô scolopendre who was dancing in the dark ! Ô patte folle de mon père, qu'une timide claudication ramène à la maison.


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