Comment frustrer l’ermite

Publié le 24 août 2009 par Kabotine

Moi, ce que j’aime à Mes-Vieilles-Pierres, c’est le coté isolé. Enfin, isolé sans vraiment l’être, puisque de notre perchoir, on peut, si on veut, regarder les voitures sur la départementale, les tracteurs sur le pont, le train qui passe, les vaches qui regardent le train qui passe…
Mais le truc c’est « si on veut ». Parce que si « on veut pas », on peut rester des jours et des jours seul (enfin, solitude relative quand on a des enfants en bas âge… mais admettons que ca ne compte pas), ne voir personne, s’imprégner de soi, rien que de soi.
Le mois de juillet a été merveilleux en cela. Merveilleux en ce sens que je n’ai vu que les gens que j’avais envie de voir, quand j’avais envie de les voir… Les enfants, exaltés de retrouver leur jouets, leur domaine, se sont occupés tout seuls, sans me solliciter de trop… J’ai pu lire, surfer, écrire un peu, penser, rêver surtout…
Depuis début août, avec l’arrivée de mes parents, la vieille maison a retrouvé l’agitation qui lui sied. Il ne se passe pas un jour sans que quelque chose soit prévu. J’en ai perdu le fil. Est-ce aujourd’hui ou demain que l’on déjeune en Ville ? « Non, demain, ma chérie… aujourd’hui, il y a les Machins qui viennent gouter… d’ailleurs il faut que j’aille chercher les tartes et les fours sucrés au Bled-à-Coté… et blablabla… », soliloque ma mère…
Quant à mon père, il a pris cet air distant que je déteste. Celui de l’homme qui a déjà vécu, pour qui la vie est déjà terminée. Sa vraie vie est derrière lui, comme si, ce qui se passait sous ses yeux ne l’intéressait plus. Seuls les enfants lui arrachent un sourire, une lueur d’intérêt. Nous n’avons pas dû échanger plus de dix mots…
Dans huit jours (exactement) retour de transhumance… Les enfants en sont contents, ma mère larmoie à cette idée derrière ses éternelles lunettes sombres, mon père… (s’en fout ?), et moi, et moi ? Emois…
(Note à celui qui se reconnaitra… la différence entre « Hermite » et « ermite » ? Je maintiens : ermite…)